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En toi, j'ai mis tout mon amour

A Dieu Maëlle ; A Dieu Brieuc



La paroisse est notre famille. Elle comprend ses anciens, ses jeunes retraités, ses jeunes foyers, ses enfants. Elle accueille ses nouveaux-nés, elle célèbre l’union des cœurs, elle se porte au chevet de ses malades, elle pleure ses défunts et les honore de sa mémoire.


Comme toutes les familles, la paroisse connaît la grisaille du quotidien, la fatigue du travail, l’enthousiasme des projets, la joie de la fête et des retrouvailles, la souffrance dans les épreuves, la mort aussi, tragique.


Ce qui distingue notre famille, c’est qu’elle comprend son histoire et ses tribulations à la lumière du Christ et de l’Évangile. Elle se reconnaît dans chaque événement de la vie de Jésus, que ces évènements soient joyeux, lumineux, glorieux ou douloureux.


Aujourd’hui, notre famille est plongée dans la douleur et la sidération. Deux de nos enfants bien-aimés se sont donnés la mort. Maëlle Dervyn et Brieuc Morgue sont la chair de notre chair. Nous les avons vus naître et grandir, à Magny et Châteaufort. Nous avons partagé leur quotidien, pris nos repas à la même table, vibré aux mêmes passions, traversé les mêmes tempêtes. Nous les avons connus, contemplés, aimés. Pour nous tous, c’était l’évidence : “Maëlle, Brieuc, tu as du prix à mes yeux et je t’aime. En toi, j’ai mis tout mon amour”. Cette parole, ce fut d’abord celle de Dieu pour vous ; puis celle de vos parents, celle de vos frère et sœurs, puis la nôtre.


Maëlle, ma sœur. Brieuc, mon frère.


Nous ne voulons pas trop chercher un sens à votre acte désespéré. Nous comprenons surtout que la souffrance était trop lourde à porter, ces derniers jours. Comme nous aurions aimé la porter avec vous encore un peu de temps ! Une semaine, un mois, un an… Juste le temps pour vous d’aller mieux et de retrouver la paix. Votre départ nous laisse terrassés.


“Terrassés, mais non pas anéantis” (2Co 4, 9). Car à la lumière de la vie du Christ mort et ressuscité, nous savons que Jésus ne vous a pas lâchés d’une semelle. Jamais. Il a souffert avec vous, il est mort pour vous, il vous prend aujourd’hui dans ses bras de grand frère, ému aux larmes comme nous le sommes maintenant.


Vous nous manquez terriblement mais, sachez-le, nous ne vous laisserons pas partir comme ça. Nous ne sommes pas prêts à taire tout l’amour que nous avons pour toi, Maëlle, et pour toi, Brieuc. Croyez-moi, vous n’avez pas fini d’en entendre parler. Attendez-vous quand même à prendre une petite claque sur la joue de la main de votre vieux curé, quand je vous retrouverai au Ciel. Parce que la vie sans vous, c’est dur pour nous.


A Dieu, ma sœur. A Dieu, mon frère.



 
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