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Zizanie en Eglise

Homélie du dimanche 19 juillet 2020 (Mt 13, 24-34)





Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu


En ce temps-là,

Jésus proposa cette parabole à la foule :

« Le royaume des Cieux est comparable

à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.

Or, pendant que les gens dormaient,

son ennemi survint ;

il sema de l’ivraie au milieu du blé

et s’en alla.

Quand la tige poussa et produisit l’épi,

alors l’ivraie apparut aussi.

Les serviteurs du maître vinrent lui dire :

‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain

que tu as semé dans ton champ ?

D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’

Il leur dit :

‘C’est un ennemi qui a fait cela.’

Les serviteurs lui disent :

‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’

Il répond :

‘Non, en enlevant l’ivraie,

vous risquez d’arracher le blé en même temps.

Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ;

et, au temps de la moisson,

je dirai aux moissonneurs :

Enlevez d’abord l’ivraie,

liez-la en bottes pour la brûler ;

quant au blé, ramassez-le

pour le rentrer dans mon grenier.’ »


Il leur proposa une autre parabole :

« Le royaume des Cieux est comparable

à une graine de moutarde qu’un homme a prise

et qu’il a semée dans son champ.

C’est la plus petite de toutes les semences,

mais, quand elle a poussé,

elle dépasse les autres plantes potagères

et devient un arbre,

si bien que les oiseaux du ciel viennent

et font leurs nids dans ses branches. »


Il leur dit une autre parabole :

« Le royaume des Cieux est comparable

au levain qu’une femme a pris

et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine,

jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »


Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole,



Homélie


Ivraie, en grec, se dit “zizania”. Quand Jésus dit que de l’ivraie a été semée dans le champ, cela signifie que de la zizanie a été semée dans l’Église. C’est vrai aujourd’hui comme au temps de Jésus. L’Église n’est jamais sans ivraie.


C’est difficile à admettre pour nous mais ce mélange de bon grain et d’ivraie, c’est l’état “normal” de l’Église ici-bas. Nous comptions peut-être sur une Église “resplendissante, sans tache, ni ride”, “sainte et immaculée”, pour reprendre les mots de Saint Paul (Ep 5, 27). Mais tant que nous serons sur cette terre, le bien et le mal continueront de cohabiter en elle.


A nos yeux, c’est déroutant. Scandaleux, même. Jésus, lui, voit les choses autrement. Il veut que chacun trouve sa place dans l’Église, même avec le coeur partagé voire mauvais. Le Christ a fait de l’Église la table des pécheurs. Il a fait de l’Église le rendez-vous des boiteux, au sens propre comme au sens figuré. Pour que la miséricorde pleuve sur les pécheurs et que la force soit donnée aux faibles, il faut bien qu’existe un lieu en ce monde où la grâce côtoie la misère. Ce lieu, c’est l’Église.


“N’arrachez pas l’ivraie” dit le Seigneur. Arracher l’ivraie, ce serait faire de l’Église une caste de purs. Ce serait rejeter celles et ceux qui ne correspondent pas à nos critères de sainteté. Ce serait contrarier la volonté de Dieu qui, lui, s'attache à tous les hommes, quel que soit leur état, quelle que soit leur histoire.


L’ivraie, au temps de Jésus, c’était une sorte de blé dégénéré. L’ivraie ressemblait tellement aux bonnes pousses de blé qu’il était quasiment impossible de les différencier avant le temps de la moisson.


La zizanie dans l’Eglise, c’est pareil. C’est le mal et le bien mélangés. Nous pourrions ne pas trop souffrir de cette situation mais la zizanie commence à causer sérieusement du tort quand vient en nous l’idée de séparer les bons et les mauvais, de ne donner qu’aux meilleurs leur place dans l’Eglise. Cette séparation n’est si souhaitable ni possible car tous, nous sommes porteurs des grains noirs et incomestibles de l’ivraie. Et tous, grâce à Dieu, nous avons reçu la bonne semence.


La bonne semence, ce que Dieu a semé, c’est lui-même. Et le bon grain, c’est sa miséricorde, c’est la patience de ceux qui s’aiment. La miséricorde et la patience que nous pouvons avoir les uns pour les autres sont comparables aux graines de moutarde dit Jésus. Elles comptent parmi les plus petites graines en Israël mais elles donnent les plus grands arbres. Ainsi en est-il de la miséricorde et de la patience dans l’Eglise. Ces deux vertus sont discrètes, elles pourraient passer inaperçues mais heureusement, elles poussent plus vite que l’ivraie. La miséricorde et la patience finissent toujours par prendre le dessus. Il suffit d’avoir le temps pour allié.


Pour bien nous faire comprendre l’importance du temps, Saint Matthieu nous donne de méditer en troisième parabole l’action du levain dans la pâte : “Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé”.


Trois mesures de farine, c’est énorme : c’est l’équivalent de cinquante kilos de pain, de quoi nourrir plus de cent personnes. C’est dire la quantité de patience et de miséricorde que Dieu a semée en nos coeurs.


Dans toute la Bible, la seule femme à avoir pétri trois mesures de farine, c’est Sarah, la femme d’Abraham (Gn 18, 6). Ce jour-là, elle fait le pain pour trois hôtes mystérieux dont elle comprendra plus tard l’identité. Avec son mari, elle a été visitée par le Dieu unique, le Dieu trois fois saint. C’est lui qu’elle a nourri.


Si Sarah a trouvé en elle de quoi nourrir Dieu, nous trouverons toute la patience et la miséricorde nécessaires pour nous conduire paisiblement jusqu’au jour de la moisson. Pour cela, rendons grâce.


Amen.


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