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Veiller sur le monde

Homélie du dimanche 29 novembre 2020 (Mc 13, 33-37)





Évangile de Jésus Christ selon saint Marc


En ce temps-là,

Jésus disait à ses disciples :

« Prenez garde, restez éveillés :

car vous ne savez pas

quand ce sera le moment.

C’est comme un homme parti en voyage :

en quittant sa maison,

il a donné tout pouvoir à ses serviteurs,

fixé à chacun son travail,

et demandé au portier de veiller.

Veillez donc,

car vous ne savez pas

quand vient le maître de la maison,

le soir ou à minuit,

au chant du coq ou le matin ;

s’il arrive à l’improviste,

il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.

Ce que je vous dis là, je le dis à tous :

Veillez ! »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Depuis l’affaire du foulard islamique il y a trente ans, nos juristes observent une évolution importante de la laïcité en France, d’une forme garantissant en 1905 la séparation de l’Etat et de l’Église à une forme plus moderne d’interventionnisme de l’Etat dans les affaires religieuses. Aujourd’hui, il n’est pas rare que la laïcité soit invoquée pour réguler la parole des cultes et former les consciences à un contenu positif mais autre : celui des valeurs républicaines.


Dans ce contexte un peu tendu, beaucoup de prêtres et d’évêques expriment leur inquiétude quant à la place donnée au culte dans notre pays. Si cette question est pour nous si sensible, c’est parce qu’elle repose sur une autre question, que je crois plus profonde : celle de savoir quelle est notre place en ce monde.


Aussi, je crois qu’il est important de faire mémoire de ce que nous sommes et du rôle que nous avons à jouer dans le monde, comme Église. Ainsi, nous serons moins déstabilisés face aux réductions de nos libertés, quand elles surviennent.


En matière de réduction de liberté, Saint-Paul est un spécialiste. D’abord pour l’avoir pratiquée sur d’autres, ensuite pour l’avoir subie lui-même, de plein fouet. Et quand il écrit à ses amis de Rome ou de Corinthe, c’est pour nous partager son expérience : “Nous, chrétiens, dit Saint Paul, nous n’avons pas à craindre les privations de tous ordres. Nous n’avons pas à craindre le dénuement ni même les persécutions, si elles survenaient. Rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ, dit Saint Paul. Rien, rien ni personne ! Aucune puissance, aucune créature, ni le présent, ni l’avenir” (1Co 4, 9-13 ; 2Co 4, 8s ; 2Co 6, 4-10 ; 2Co 11, 23-27 ; Rm 8, 34-37).


Voilà le témoignage et les encouragements d’un homme libre. Quelles que soient les circonstances du monde présent, Saint Paul sait que notre témoignage sera rendu. Car c’est là l’identité du chrétien, la place qu’il occupe en ce monde : Fils bien aimé de Dieu, il “rend compte de l’espérance qui est en lui” (1P 3, 15) que ce soit avec ou sans accès facile à l’Eucharistie, dans la joie ou dans les pleurs, malade ou en bonne santé, “à la vie comme à la mort”, pour reprendre son expression.


Rappelons-nous, comme l’écrivait un chrétien au deuxième siècle de notre ère, que “nous ne sommes ici que de passage. Nous résidons chacun dans notre propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Nous nous acquittons de tous nos devoirs de citoyens mais nous supportons toutes les charges comme des étrangers. Quant à notre manière de vivre, elle se veut plus parfaite que les lois” de notre pays. C’est dans la Lettre à Diognète, dont vous connaissez déjà ma passion.


Voilà la place qui nous revient en ce monde. Nous sommes des pèlerins en terre étrangère, nous sommes les hôtes d’un monde profane qui, certes, ne nous concède que des droits limités, mais que le Seigneur nous commande d’aimer.


Aimer le monde, ce n’est pas nécessairement l’apprécier en tout. Aimer le monde, c’est veiller sur lui. Comme le bon maître de la parabole veille sur sa maison avant de nous demander d’en prendre soin à notre tour.


Comment prendre soin du monde qui nous entoure ? Voilà la question qui doit nous occuper plus que toute autre, surtout en cette période où naissent de grandes précarités. Le monde profane n’attend pas la venue du Christ, il attend notre venue, nos soins. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra reconnaître en chacun de nous “celui qui vient au nom du Seigneur”.


Sûrement, nous nous sentons démunis devant l’ampleur de la tâche et la pauvreté de nos moyens. Pourtant, “tout pouvoir nous est donné” dit la parabole, de sorte que chacun peut être demain “fixé à son travail”. Saint Paul le disait avec ses propres mots dans la deuxième lecture : “Aucun don spirituel ne vous manque. [...] Vous avez reçu toutes les richesses”. Voilà pourquoi Saint Paul “ne cesse de rendre grâce à Dieu à [notre] sujet” : lui sait, de là-haut, combien la grâce nous a été donnée de veiller sur ce monde que Dieu aime.


Quand le Christ reviendra nous visiter à l’improviste, quel visage aura-t-il pour nous ? “Pour les uns, dit Jésus, je ressemblerai à un voleur dans la nuit” (Mt 24, 43). “Pour d’autres, je ressemblerai à un époux venu rencontrer sa bien-aimée” (Mt 25, 1). En attendant son grand retour, Jésus multiplie les visites-éclair : le soir, à minuit, au chant du coq, ce matin encore…


La veille commence maintenant. Déjà le monde frappe à notre porte et réclame ses soins.


Amen.



 

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