Une paix désarmée et une paix désarmante

Cultivons la paix

Chaque année à la date anniversaire de l’armistice, nous nous rassemblons pour prier pour la paix dans le monde ; cela nous rappelle avec force combien la paix est fragile. L’an passé Riccardi, le fondateur de Sant’Egidio à Rome, recensait 59 conflits dans le monde ! Le pape François dénonçait cette « guerre mondiale par morceaux » qui « se transforme en un véritable conflit mondial » (message au corps diplomatique, 2024).

« La paix n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire » (Gaudium et spes 78), disaient les pères du Concile Vatican II il y a plus de 60 ans. Cela reste très actuel !

« La paix soit avec vous tous (…) C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante ». Ce sont les tous premiers mots que Léon XIV a prononcés le soir de son élection, le 8 mai dernier. La paix ne tombe pas du ciel sans que nous nous mettions à la tâche.

Le pape nous invite à refuser « la logique de la violence et de la guerre, pour embrasser une paix authentique fondée sur l’amour et la justice ».

« Cette paix est désarmée car elle n’est pas fondée sur la peur, la menace ou sur les armes et elle est désarmante, parce qu’elle est capable de résoudre les conflits,d’ouvrir les cœurs et de générer de la confiance, de l’empathie et de l’espérance » (Dicastère du Développement Humain Intégral, en annonce du prochain message pour la paix du pape Léon XIV). « Il ne suffit pas d’invoquer la paix, il faut l’incarner dans un style de vie qui refuse toute forme de violence, visible ou structurelle ».

C’est au plus profond de la société que cette culture de la paix s’efface, au profit des violences multiples, d’intolérances religieuses, d’agressions verbales ou même physiques, d’agressivités minuscules au quotidien, de colères non maîtrisées en voiture, de petites incivilités, de désirs de toute-puissance…

Etty Hillesum, d’origine juive, internée dans le camp de la mort à Auschwitz, disait ceci : « Je ne crois plus que nous puissions changer quelque chose dans le monde tant que nous n'avons pas commencé par nous changer nous-mêmes ».

C’est donc en chacun de nous que nous devrions commencer à cultiver la paix, avec patience et humilité. Chacun de nous peut contribuer à construire un monde plus pacifique : faire la paix en soi-même, dans les relations familiales, dans la société mais aussi par notre souci de la protection de la nature.