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Tu seras un homme mon fils

Homélie du dimanche 10 janvier 2020 (Mc 1, 7-11)





Évangile de Jésus Christ selon saint Marc


En ce temps-là,

Jean le Baptiste proclamait :

« Voici venir derrière moi

celui qui est plus fort que moi ;

je ne suis pas digne de m’abaisser

pour défaire la courroie de ses sandales.

Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;

lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »


En ces jours-là,

Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,

et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

Et aussitôt, en remontant de l’eau,

il vit les cieux se déchirer

et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.

Il y eut une voix venant des cieux :

« Tu es mon Fils bien-aimé ;

en toi, je trouve ma joie. »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Jésus a beau être Dieu à 100%, il est homme aussi, à 100%. Et un homme a besoin d’un père. Un père qui lui dise : “Tu es mon fils bien-aimé et je t’aime”. Cette parole-là, Jésus l’a attendue trente ans de sa vie. Comment se reconnaître fils si aucun père ne s’est encore déclaré, si personne ne lui a adressé de parole paternelle ?


Bien sûr, Jésus a bénéficié de la prévoyance et de l’amour de Joseph à son égard. Mais cela ne suffit pas. Ceux qui ont été adoptés savent combien le lien avec la mère ou le père qui nous a conçu est absolument irremplaçable. Et si, à la maison, Jésus priait Dieu en l’appelant “Père”, il le faisait comme tout bon juif. Mais cela ne suffit pas. Jésus avait besoin d’entendre de son vrai père cette parole fondatrice : “Toi, Jésus, tu es mon fils bien-aimé. C’est moi qui t’ai engendré et en toi, je trouve ma joie”.


Cette parole est beaucoup plus qu’une simple constatation. C’est une déclaration solennelle par laquelle le père accepte la charge de veiller sur son enfant et de le conduire, d’étapes en étapes, jusqu’à en faire un homme. Faire de son fils un homme… Je repense au beau poème de Rudyard Kipling. On y retrouve tout ce que le Père de Jésus lui a donné d’accomplir, dans les trois dernières années de sa vie :


Si tu peux être digne en étant populaire, si tu peux rester peuple en conseillant les rois ; Si tu peux aimer tous tes amis en frères, sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ; Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre, et te sentant haï, sans haïr à ton tour ; Si tu peux supporter d'entendre tes paroles, travesties par des gueux pour exciter des sots ; Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie et, sans dire un seul mot, te mettre à rebâtir ; Tu seras un homme, mon fils.

Si nous voulons faire quelque chose de bien de notre vie, nous avons tous besoin d’entendre notre papa nous dire : “Tu es mon fils (ma fille) bien-aimé(e) ; en toi, je trouve ma joie”. Cette parole, c’est celle qui nous enfante à nous-mêmes. C’est celle qui nous révèle qui nous sommes et nous rend capables du meilleur. Malheureusement, nombreux sont les pères qui n'ont pas su prononcer ces mots, même après trente ans. C’est la raison pour laquelle le Christ a fait de nous ses frères. C’est lui qui a intercédé auprès de son père pour que nous soyons, nous aussi, ses enfants.


C’est tout le sens de la fête que nous célébrons ce dimanche. Jésus dit à son Père : “Que le ciel se déchire aussi pour eux, puisqu’il sont baptisés dans la même eau et qu’ils reçoivent le même Esprit. Qu’eux aussi entendent qu’ils sont tes enfants, que tu les aimes et que tu trouves en eux ta joie”.


Trop souvent, nous ne mesurons pas à quel point nous faisons la joie de notre Père des cieux. Le regard que nous portons sur nous-mêmes est trop négatif, car le péché l'obscurcit. Nous oublions le troisième commandement de l’amour qui est d’aimer non seulement Dieu et notre prochain… Mais nous-mêmes.


Oui, nous sommes beaux et nous faisons la joie du Père, en dépit de notre péché. Plus encore : c’est notre péché qui donne à Dieu de nous manifester plus d’amour encore qu’à son fils Jésus qui n’a jamais eu besoin de pardon. Rappelez-vous cette parole de Saint-Augustin : “Bienheureuse faute qui nous a valu un tel sauveur”.


Laissons-donc maintenant résonner dans notre cœur cette parole que le Père nous adresse : “Tu es mon fils bien-aimé, en toi - véritablement - je trouve ma joie”. Il n’y a que dans la conscience de ce lien filial que nous comprendrons qui nous sommes et ce que nous pouvons accomplir.


Amen.


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