top of page

Traverser la nuit

Homélie du lundi 30 mars 2020 (Jn 8, 12-20)



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean


En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » Les pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un vrai témoignage. » Jésus leur répondit : « Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais. Vous, vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne. Et, s’il m’arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas seul : j’ai avec moi le Père, qui m’a envoyé. Or, il est écrit dans votre Loi que, s’il y a deux témoins, c’est un vrai témoignage. Moi, je suis à moi-même mon propre témoin, et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. » Les pharisiens lui disaient : « Où est-il, ton père ? » Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » Il prononça ces paroles alors qu’il enseignait dans le Temple, à la salle du Trésor. Et personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue. – Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Nous savons depuis deux décennies que l’évangéliste Jean, tout en soignant les aspects symboliques de son récit de la vie de Jésus, est celui des quatre qui respecte le plus la chronologie et les lieux. Dans le passage de ce jour, nous savons que Jésus enseigne à Jérusalem près de la salle du Trésor, non loin du parvis des femmes, au moment de la fête de Souccot, la fête des Tentes. Au cours de cette solennité prescrite par la Torah, le peuple juif rend grâce pour la récolte marquant la fin du cycle agricole annuel et il célèbre dans la joie l'assistance divine reçue par le peuple élu lors de son exode vers la Terre promise. De nombreux pèlerins montent alors à Jérusalem pour huit journées de festivités. Deux rites principaux célèbrent Souccot. D'abord celui qu'on appelait "le puisage de l'eau". Les hommes remontent de la source de Gihôn en chantant puis versent de l'eau au pied de l'autel du Temple. Jésus, quelques jours auparavant, avait saisi cette occasion pour s'écrier : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi !" (Jn 7,37), présentant par ces mots son propre corps comme le Temple nouveau, la source véritable de la divinité. L'autre rite traditionnel concernait la lumière. La première nuit de la fête des Tentes, peut-être aussi les suivantes, on allumait quatre immenses candélabres d'or devant le parvis des femmes. Chacun des candélabres portait à son sommet quatre vasques d'or remplies d'huile. Flottant dans ces vasques, des mèches faites avec les ceintures des prêtres. Ces luminaires tout au long de la nuit éclairaient tout un quartier de Jérusalem. Jésus profite de l'événement pour déclarer avec solennité : "Moi, je suis la lumière". Non seulement la lumière illuminant ce soir la ville sainte mais la lumière du monde : "Qui me suit", d'où qu'il vienne et où qu'il soit, "ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie" ! Jésus est lumière parce qu'il illumine notre route par sa Parole et son Eucharistie. Il est la lampe placée bien en vue sur le lampadaire pour offrir sa lumière à tous ceux qui la désirent (Lc 11, 33). En temps de crise économique et sanitaire, nous pouvons avoir le sentiment de marcher dans les ténèbres, sans grande visibilité sur notre avenir proche. En pensant à notre santé ou à notre travail, nous pouvons nous inquiéter pour nos proches ou pour nous-mêmes... Jésus ne change pas la réalité du monde qui nous entoure. Les ténèbres sont là, dans l'histoire du monde, dans le quotidien des personnes. Nous ne sommes pas dispensés de les traverser. La nuit demeure mais que nous prenions Jésus comme compagnon de route et notre chemin s’en trouve illuminé. "Même la ténèbre, pour lui, n'est pas ténèbre. Pour lui la nuit, comme le jour, illumine" (Ps 139, 12). Notre assurance est en lui seul et non pas dans une route que nous pourrions prévoir et baliser. Pour aller où nous savons, il nous faut aller par où nous ne savons pas, en redisant chaque jour à Jésus : "En toi est la source de la vie, en ta lumière nous voyons la lumière" (Ps 36, 10).


Amen.


 

Homélie inspirée d’un commentaire du père Jean Lévêque, ocd.


48 vues

Le blog paroissial

Favicon
bottom of page