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J'y étais

Homélie du jeudi 6 avril 2023 (1 Co 11, 23-26)




Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens


Frères,

moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,

et je vous l’ai transmis :

la nuit où il était livré,

le Seigneur Jésus prit du pain,

puis, ayant rendu grâce,

il le rompit, et dit :

« Ceci est mon corps, qui est pour vous.

Faites cela en mémoire de moi. »

Après le repas, il fit de même avec la coupe,

en disant :

« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.

Chaque fois que vous en boirez,

faites cela en mémoire de moi. »


Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain

et que vous buvez cette coupe,

vous proclamez la mort du Seigneur,

jusqu’à ce qu’il vienne.


– Parole du Seigneur.



Homélie


Nous avons trois sources qui nous racontent comment s’est passé le dernier repas de Jésus; l’évangile selon Saint Jean - que nous venons d’entendre - les trois autres évangiles et enfin la lettre de Saint Paul aux Corinthiens.

et

A l’exception de Saint Jean, tous les témoins se focalisent sur l’institution de l’Eucharistie. Ils racontent comment Jésus a donné du pain et du vin à ses amis en leur disant : “c’est mon corps, c’est mon sang”. Avec le temps, nous nous sommes habitués à dire que nous mangeons le corps et le sang de Jésus. Mais pour ceux qui nous regardent d’un peu plus loin, c’est une chose très étrange. En fait, en nous donnant ce pain et ce vin consacrés, Jésus nous offre comme une vision synthétique de toute sa vie. Il dit : “Je vous aime au point de vous faire le don de ma vie, de la perdre pour vous, pour que vous la receviez en abondance”. Et pour exprimer cela, Jésus choisit de se donner en nourriture, un peu comme le pélican que nous trouvons parfois dessiné sur nos tabernacles et dont nous savons qu’il n’hésite pas à creuser un peu de ses entrailles avec son bec pour nourrir ses petits, quand il n’y a plus d’autre moyen de les garder en vie.


Ainsi, en nous donnant son corps et son sang le soir du jeudi saint, Jésus nous donne sa vie. Mais l’acte historique par lequel Jésus s’est donné à nous, ce n’est pas le dernier repas que nous célébrons ce soir, c’est plutôt le moment de sa mort sur la croix.


Ce dernier repas du jeudi saint, c’est pour Jésus comme une anticipation du moment où Il va mourir pour nous sur la croix. Et c’était important, pour Jésus, qu’il y ait cette anticipation. Parce que le Seigneur savait bien qu’il n’y aurait pas grand monde le lendemain sur le Golgotha. Nous le savons maintenant, les amis de Jésus se disperseront au cours de la nuit et pendant le procès. Les deux seuls présents à ce moment si important, ce seront Marie et l’apôtre que Jésus aimait, Jean très probablement.


Tous les autres disciples ne seront pas les témoins directs de l’événement. Et c’est pour cela que Jésus a tenu à ce qu’ils soient présents, en revanche, au dernier repas. Tous les amis de Jésus peuvent ainsi dire : “J’étais là, quand le Christ s’est donné à nous, quand il a livré sa vie pour moi”. C’est ce que nous appelons dans la tradition catholique une participation sacramentelle : en mangeant ce pain et en buvant à cette coupe, ils participent véritablement à l’acte définitif qui se déroulera le lendemain.


Ce qui est formidable, c’est que le Christ n’a pas seulement inventé là une manière d’anticiper l’offrande de sa vie, mais aussi une manière de l’offrir à toutes les générations à venir. Nous qui sommes nés bien après la mort de Jésus sur la croix, nous sommes - par ce repas - authentiquement présents à Jésus qui livre sa vie pour chacun de nous. Si Jésus a dit “Faites cela en mémoire de moi” (1Co 11, 24), c’est pour que tous les chrétiens soient véritablement présents à ses côtés lorsqu’il donne sa vie pour le monde.


Ainsi, comme saint Paul le dit aux Corinthiens, “chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur” (1 Co 11, 26). Non pas comme une simple évocation de l’événement, mais comme une capacité de participer à cet événement. C’est la raison pour laquelle nos célébrations eucharistiques ne sont pas une reconstruction historique, une reconstitution de l’événement. Nous ne sommes pas en "tongs" et en toges, couchés à la romaine autour d’un banquet d’agneau gras. Il ne s’agit pas de faire mémoire de Jésus sur le mode théâtral ou esthétique, il s’agit d’entrer dans l’événement lui-même par le signe sacramentel qui en est donné.


Notre célébration de ce soir, c’est vraiment un acte qui nous fait entrer dans le sacrifice que Jésus fait de lui-même. Quand nous offrons le pain, quand nous offrons le vin, c’est notre vie que nous offrons, et c’est celle du Christ que nous recevons au-dedans de nous-mêmes. C’est ainsi que nous trouvons le dynamisme nécessaire pour traverser les ravins de la mort et ressusciter avec le Christ, au dernier jour.


Ce don de vie éternelle s’accompagne d’une mission. Et c’est Saint Jean qui nous en parle, plutôt que d’évoquer l’Eucharistie. Il nous explique que la vie divine dont nous sommes devenus participants consiste à servir nos frères. Le lavement des pieds, “c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous” (Jn 13, 15).


Que signifierait de célébrer l’actualité du sacrifice du Christ si cette participation à sa vie ne s’accompagnait pas d’une conversion de notre manière de vivre ? Il ne s’agit pas simplement de communier à la mort et à la résurrection du Christ, mais de mettre en pratique l’offrande que Jésus fait de sa vie à travers notre manière de vivre au quotidien.


A chacun de se demander : “Comment puis-je faire de même ? Comment puis-je être serviteur, comme Jésus ?”


Amen.


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