Quand les circonstances nous imposent d'entrer en retraite spirituelle
En première page de son dernier bulletin paroissial, mon confrère Jean-Brice, curé de Saint-Remy-lès-Chevreuse, faisait un rapprochement entre le temps du Carême et celui de la quarantaine sanitaire qui nous est imposée par les circonstances : "Autrefois, on appelait le Carême 'la Sainte Quarantaine' ! [...] Quarantaine de jours de combats spirituels qui se double cette année d'un combat sanitaire et social".
Il y a, c'est vrai, une forme de convenance à ce que le Carême soit pour nous un temps d'épreuve, une traversée du désert vécue dans la prière, un jeûne - même eucharistique, un appel à être au service des personnes les plus fragiles, en leur apportant l'aumône de nos attentions délicates. Une occasion aussi de réfléchir à notre propre rapport à la faiblesse, la maladie et la mort, à la lumière de l'Evangile du Christ.
Il y a aussi une convenance à ce que nos rythmes changent en ce Carême et donnent une place plus grande à la prière personnelle, la lecture, l'écoute d'émissions religieuses, la réflexion personnelle. Au fond, il nous est donné de vivre ce Carême comme un temps de retraite spirituelle.
Pour beaucoup de nos contemporains, cette retraite semble forcée. Nous, chrétiens, pouvons la choisir positivement comme une opportunité de nous rapprocher du Seigneur. Nous la relirons peut-être comme un temps fort de notre existence chrétienne, une sorte de retraite spirituelle au long cours, d'une durée analogue à celle des retraites prêchées autrefois par Saint Ignace de Loyola.
Pour vos pasteurs, ce sera l'occasion de faire preuve de créativité à l'approche de la semaine sainte... Comment la vivrons-nous ? Comment accompagner nos catéchumènes et célébrer leur entrée dans l'Eglise ? Il est encore difficile de répondre à ces questions. Ce qui est sûr, c'est qu'ils seront les premiers à se souvenir de cette grande retraite du Carême 2020. Pour eux, il était convenu qu'ils se retirent du monde pour laisser Dieu scruter leur coeur et les préparer à la joie de Pâques.
Qu'il en soit de même pour nous !
