Homélie du dimanche 15 mars 2020 (Jn 4, 5-42)
"Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif…"
Il y a une soif, une attente intérieure, que les textes de ce dimanche expriment. Comme Jésus, comme la Samaritaine, nous avons soif. Et parfois, terriblement soif ! Jésus sur la croix ne dit pas grand-chose, bien sûr, mais parmi ses 7 paroles en croix, il va justement dire celle-là : "J’ai soif". (Jn 19, 28) Tout sera accompli.
Mais de quelle soif parle-t-il, exactement ? Soif de vérité, soif de justice, soif d’amour surtout : d’aimer et d’être aimés. Le carême, avec ses restrictions volontaires à travers le jeûne, la prière et l’aumône, permet de creuser en nous cette soif, de réveiller en nous nos véritables soifs.
Je pense au 25 février 1858, ce jour où Ste Bernadette, à Lourdes, entend la Dame lui dire, c’était la 9 ème apparition : "Allez boire à la fontaine et vous y laver". Et Bernadette raconte : "Elle me dit d'aller boire à la source. […] Je ne trouvai qu'un peu d'eau vaseuse. Au quatrième essai, je pus boire…" Moïse, lui, n’avait pas gratté la terre au fond d’une grotte pour y découvrir une source, mais, par deux fois, il avait "frappé le rocher" avec son bâton. Et l’eau avait jailli du rocher.
Ainsi nous comprenons que derrière la dureté de notre cœur, ou au-dessous de la boue de nos vies, l’eau est là, prête à jaillir ! Elle est là cette source qui fait des merveilles en chacun !
4 jours après avoir gratté, le 1 mars 1858, une femme, Catherine Latapie, trempe son bras déboité dans l’eau de la source : son bras et sa main retrouvent leur souplesse. Seigneur, aujourd’hui, c’est notre quatrième rencontre avec toi [depuis le mercredi des cendres] dans ce "temps favorable" du carême, et nous venons à nouveau vers toi. Nous croyons que tu es la source, que tu es l’eau qui donne la vie. Tu es celui "qu’on appelle Christ". Alors, nous venons tremper nos vies dans la tienne, pour, nous aussi, retrouver de la « souplesse » :
la souplesse de notre âme, la souplesse de notre cœur. Nous venons nous plonger à nouveau dans l’eau de notre baptême qui nous a fait naître à ta vie.
Que cette eau nous donne encore aujourd’hui, la joie, la paix, la force d’aimer davantage.
Qu’elle nous redonne vie, puisque "l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs."
"Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle."
"Seigneur, [donne-nous], donne-moi de cette eau, que je n'aie plus soif…"
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