Homélie du jeudi 19 décembre 2019 (Lc 1, 5-25)
“Zacharie” signifie en hébreu “Dieu s’est souvenu”.
Pourquoi ? Parce qu’après des siècles sans prophéties ni théophanies, Dieu reprend la parole et c’est Zacharie qui en est le témoin privilégié.
L’objet de l’annonce, c’est la naissance du dernier des prophètes de l’Ancien Testament. Nous sommes à un point crucial de l’histoire en Israël, à l’apogée de l’Ancienne Alliance. Jean-Baptiste va naître, il reprendra toutes les prophéties du passé et désignera Jésus comme le Messie.
Zacharie semble usé par l’attente. Le prodige de Dieu libérant son peuple de la servitude en Egypte est déjà loin. La lassitude a eu raison de son espérance. Sans se l’avouer, Zacharie ne croit plus vraiment en la possibilité que le salut surgisse maintenant.
Le manque de foi de Zacharie se reconnait à la question qu’il pose à l’ange : “Comment vais-je savoir que cela arrivera ?”. Attention, ce n’est pas la question de Marie à l’annonciation. Marie demandait légitimement de quelle manière la promesse allait s’accomplir. Zacharie, lui, demande quel signe, quelle confirmation lui sera donnée que l’ange dit vrai.
La parole de l’ange ne lui suffit pas. Dieu promet, Dieu s’engage, mais Zacharie ne se satisfait plus de sa Parole.
Pour nous, il en est parfois de même. Dieu annonce, Dieu promet, Dieu s’engage mais la Parole de Dieu ne nous suffit plus. Nous la considérons peu fiable, sans beaucoup plus de poids que la parole des hommes.
J’aime la réaction de Dieu face à Zacharie :
"Puisque la Parole n’a plus de poids à tes yeux, toi et moi nous nous tairons. Tu ne parleras plus, je ne parlerai plus. Jusqu’à ce que les mots prononcés aujourd’hui reprennent tout leur sens."
C’est une traversée du désert comme nous en connaissons. Pour nous aussi, Dieu, parfois, se tait. Parce que la Parole nous a déjà été donnée et que nous avons besoin de silence pour revenir à elle comme à la source.
Amen.
