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Père de la multitude

Homélie du jeudi 7 avril 2022 (Gn 17, 3-9 ; Jn 8, 51-59)




Lecture du livre de la Genèse


En ces jours-là,

Abram tomba face contre terre

et Dieu lui parla ainsi :

« Moi, voici l’alliance que je fais avec toi :

tu deviendras le père d’une multitude de nations.

Tu ne seras plus appelé du nom d’Abram,

ton nom sera Abraham,

car je fais de toi le père d’une multitude de nations.

Je te ferai porter des fruits à l’infini,

de toi je ferai des nations,

et des rois sortiront de toi.

J’établirai mon alliance entre moi et toi,

et après toi avec ta descendance,

de génération en génération ;

ce sera une alliance éternelle ;

ainsi je serai ton Dieu

et le Dieu de ta descendance après toi.

À toi et à ta descendance après toi

je donnerai le pays où tu résides,

tout le pays de Canaan en propriété perpétuelle,

et je serai leur Dieu. »

Dieu dit à Abraham :

« Toi, tu observeras mon alliance,

toi et ta descendance après toi,

de génération en génération. »


– Parole du Seigneur.



Homélie


Il y a deux ans, le pape François a commenté cet évangile en reprochant aux pharisiens de l’évangile d’avoir une pensée unique : “ils ont une pensée unique et veulent imposer cette pensée au peuple de Dieu.”


C’est vrai. Pour eux, la foi est un ensemble de commandements qui fait bloc. “On doit faire ainsi”, disent-ils. Et ce bloc est un fardeau très lourd pour nos épaules, fera remarquer Jésus.


Le pape poursuit en disant que de ce bloc de commandements naît “une théologie qui devient esclave de ce schéma de pensée unique”. Il n’y a aucune possibilité de dialogue. C’est comme ça et puis c’est tout.

Impossible, dans ces conditions, de s’ouvrir à la parole des prophètes qui, elle, vient bousculer les choses établies, remettre en question, chercher à mieux faire.


Il y a toujours eu une tentation entre conservatisme et progressisme. L'un et l'autre sont un excès. Tout changement n’est pas nécessairement une amélioration. Le fait de changer n’est pas bon en soi. Mais le fait de tout figer dans l’immobilisme n’est pas heureux non plus.


Aujourd’hui, l’évangile nous met en garde contre le conservatisme. Demain, contre le progressisme. Il en va ainsi de l’évangile : on cherche ensemble le juste milieu, la proposition juste, c’est-à-dire ajustée à la volonté de Dieu qui est fine et subtile.


Nous ne sommes plus dans la subtilité quand nous en appelons à une pensée unique dans l’Église. Le pape rappelle que la pensée unique a toujours causé “des malheurs dans l’histoire de l’humanité”.


Pour que la dictature de la pensée unique ne blesse pas l'Église, il faut nous réjouir de trouver autour de nous des gens qui ne pensent pas comme nous, qui ne nous ressemblent pas. Il faut apprendre à apprécier dans leur parole ce qui nous dérange. Car ils nous apportent ainsi l’éclairage qui nous manque, le contrepoids de nos vérités toutes faites. Le frère chrétien, avec sa sensibilité différente, m’aide à chercher et à trouver la volonté de Dieu. L’autre, avec sa sensibilité différente, est un ami, un adjuvant.


Ne cherchons pas à ce que l’Église donne au monde une image unique, une pensée unique. Émerveillons-nous plutôt de la promesse faite à Abraham. Le peuple croyant est une multitude. Une multitude qui rassemble des hommes et des femmes dont l’unique point commun est le Christ, la volonté de vivre à sa lumière et de marcher dans ses pas.


C’est ainsi que tous, en marchant avec le Christ, nous convergeons vers le Père. Quand nous serons arrivés au terme du chemin, notre unité sera parfaite. Non pas une pensée unique, mais un unique amour où chacun trouve sa place, comme il est.


Amen.

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