Homélie du mercredi 19 avril 2023 (Jn 3, 16-21)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ;
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici :
la lumière est venue dans le monde,
et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste
que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Quand on entend cet évangile, on a l’impression que Jésus distingue deux catégories de personnes : ceux qui sont dans tla lumière, parce que ce sont des hommes bons et qu’ils font la volonté du Père, et puis ceux qui sont dans les ténèbres, parce que ce sont des hommes mauvais et que leurs œuvres s’opposent à la charité.
Ça nous fait penser à la finale de l’évangile selon Saint Matthieu, quand Jésus raconte comment se passera le jugement dernier : “Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Alors, il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs. [...] Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle” (Mt 25, 31-32b.46).
En écoutant ça, on se demande tous dans quel camp nous sommes, et dans quel camp nous serons au dernier jour. Et on ne trouve pas vraiment de réponse parce que quand on regarde sa vie, on y trouve du bon et du mauvais, de l’ombre et de la lumière. Et il y a fort à parier que même si nous avons grandi en sainteté tout au long de notre vie, il y aura encore une part d’ombre en nous, une partie de nous-mêmes qui nous apparente aux boucs et qui réclame notre vie à l’enfer.
C’est là où l’évangile de ce jour apporte une nuance de taille. En fait, pour bien comprendre la nature du jugement dernier, Jésus nous invite à dépasser l’opposition un peu simpliste entre les gentils et les méchants. Jésus préfère parler de ceux qui “viennent à la lumière” et de l’autre côté, ceux qui “fuient la lumière”.
Vous voyez, l’important, et ce sur quoi nous serons jugés, c’est notre mouvement face à la lumière. Sommes-nous en train d’aller des ténèbres à la lumière ? Ou de la lumière vers les ténèbres ? Il n’y a pas de terrain neutre où stationner entre les deux. Le salut, c’est d’aller vers la lumière. Et la lumière, c’est le Christ : il le dira un peu plus tard, lorsqu’il sera dans le temple de Jérusalem : “Je suis la lumière du monde” (Jn 8, 12).
Dieu n’est donc pas quelqu’un qui scrute notre cœur pour le qualifier de bon ou de mauvais en fonction de notre degré de sainteté. Dieu regarde plutôt si nous sommes en train de nous rapprocher de Jésus ou si nous sommes en train de perdre du terrain. Le jugement, le discernement de Dieu porte sur la direction que nous prenons. Je puis être le dernier des brigands, si je me rapproche de la lumière, Dieu dit : “cela est bon, cela est même très bon”. Si en revanche je m’en éloigne, j’ai beau être plein de ces talents et charismes que Dieu donne à quelques-uns, Dieu dit : “il fuit la lumière, et en cela il commet le mal”.
Changeons donc de regard sur les autres. Peu importe leur point de départ, peu importe ce que nous voyons d’eux et qui peut-être nous répugne. Peut-être sont-ils en train de marcher vers la lumière.
Changeons aussi de regard sur nous-mêmes. Et si nous ne sommes pas en train de nous rapprocher du Christ et de son Évangile, remettons-nous en marche. C’est le sens de notre pèlerinage sur terre, et il n’y en a pas d’autre.
Amen.
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