Homélie du 31 mai 2020 (Jn 20, 19-23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus ;
le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Quand Saint Luc décrit la Pentecôte dans son Evangile, il parle d’un “grand bruit, pareil à celui d’un fort coup de vent”. Ca, c’était autrefois. Aujourd’hui, quand nous célébrons la Pentecôte, pas de grand bruit, pas de flammes qui descendent sur nos têtes, pas de fort coup de vent.
Cela veut-il dire qu’il n’y a plus de Pentecôte ? Ou que l’Esprit de Jésus est devenu discret, comme effacé ? Ou alors, peut-être que nous nous sommes tellement habitués à sa présence qu’il en est devenu comme transparent à nos yeux ?
Cette question, nous pouvons nous la poser pour chaque événement de la vie de Jésus et des premiers apôtres. Pourquoi Dieu le Père ne lâche-t-il plus de colombes lors des baptêmes ? Pourquoi Jésus ne nous apparaît-il pas dans sa gloire quand nous fêtons sa transfiguration ? Pourquoi les pains ne sont-ils plus multipliés quand nous proclamons le discours du Pain de vie ?
Les signes donnés au temps où le Christ est venu sur la terre ne sont pas les signes donnés par Dieu pour la suite des temps. Certes, il y aura toujours des miracles eucharistiques, des guérisons miraculeuses, des effusions puissantes de l’Esprit… Mais nos célébrations liturgiques ne seront jamais le lieu d’une reconstitution historique des miracles de jadis. Ce que Dieu donne à chaque génération, nous l’accueillons dans cette foi que nos rites expriment.
Aujourd’hui, nous accueillons une nouvelle effusion de l’Esprit-Saint. Mais qui est-il, cet Esprit ? Que fait-il ? Comment le reconnaître, s’il n’est plus accompagné de courants d’air ?
Voici une parole de Jésus qui peut nous aider. C’est dans l’évangile selon Saint Jean, chapitre 6, verset 44 : “Personne ne vient à moi”, dit Jésus, “si le Père ne l’attire”. Si, par impossible, l’Esprit avait déserté son Église, nous ne serions pas ici en cette église, car rien ne nous aurait attiré en ce lieu. Ce qui nous attire, ce n’est pas le confort des bancs, ce n’est pas l’amour des vieilles pierres, ce n’est pas même la joie de nous retrouver après le confinement. Ce qui nous attire au Père, c’est l’Esprit de Jésus. Aucune motivation psychologique ou sociologique ne suffirait à expliquer notre fidélité au rendez-vous de l’Eucharistie. C’est l’Esprit de Jésus qui, en nous, a soif du Père.
Une autre parole de Jésus peut nous aider à comprendre ce que fait l’Esprit. “Frères, sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : ‘Jésus est le Seigneur’” (Saint Paul, 1ère lettre aux Corinthiens, chapitre 12, verset 3). Que fait l’Esprit ? Il donne la foi. D’où sortent nos catéchumènes ? L’Esprit les a visités.
Encore une autre parole de Jésus, dans l’évangile de ce jour, cette fois. “Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis.” Si l’Esprit Saint n’était pas continuellement avec nous, et même en nous, s’il ne nous habitait pas selon la promesse de Jésus, nos faiblesses nous seraient aussitôt fatales. Le poids de notre péché serait de jour en jour plus insupportable, jusqu’à la désespérance. Je le dis aussi de nos contemporains qui ne connaissent pas le Christ. Si l’Esprit ne venait sans cesse au secours des hommes, notre coeur compliqué et malade se laisserait aller au désespoir.
Ce début de confiance qui monte parfois de notre coeur dans les tentations et l’adversité, c’est lui, l’Esprit à l'oeuvre. La paix qui naît en nous en plein coeur de la souffrance, c’est lui, l’Esprit à l’oeuvre. La joie d’exister, la joie des origines et des profondeurs, la joie qui jaillit sans raison ni pourquoi, c’est lui, l’Esprit à l’oeuvre.
Aujourd’hui, cet Esprit nous est donné en abondance, comme aux apôtres en leur temps.
Grâce au don de l’Esprit, nous trouverons dans notre vie plus que ce que nous en attendons.
Grâce au don de l’Esprit, nous comprendrons que le don de Dieu est plus grand que ce que nos mots peuvent en dire.
Grâce à lui, nous connaîtrons la joie imprévisible qu’apporte tout acte d’amour ou d’espérance.
Grâce à lui, nous serons toujours plus à l’aise avec le caractère incompréhensible de la vie...
Et nous aborderons la mort avec gratitude pour tout ce que nous avons vécu.
Que cet Esprit, maintenant, nous soit donné.
Amen.
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