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Ma place est auprès de toi

Homélie du jeudi 5 mars 2021 (Lc 16, 19-31)




Évangile de Jésus Christ selon saint Luc


En ce temps-là,

Jésus disait aux pharisiens :

« Il y avait un homme riche,

vêtu de pourpre et de lin fin,

qui faisait chaque jour des festins somptueux.

Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare,

qui était couvert d’ulcères.

Il aurait bien voulu se rassasier

de ce qui tombait de la table du riche ;

mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.

Or le pauvre mourut,

et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham.

Le riche mourut aussi,

et on l’enterra.

Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;

levant les yeux,

il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.

Alors il cria :

“Père Abraham,

prends pitié de moi

et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau

pour me rafraîchir la langue,

car je souffre terriblement dans cette fournaise.

– Mon enfant, répondit Abraham,

rappelle-toi :

tu as reçu le bonheur pendant ta vie,

et Lazare, le malheur pendant la sienne.

Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,

et toi, la souffrance.

Et en plus de tout cela, un grand abîme

a été établi entre vous et nous,

pour que ceux qui voudraient passer vers vous

ne le puissent pas,

et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”

Le riche répliqua :

“Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare

dans la maison de mon père.

En effet, j’ai cinq frères :

qu’il leur porte son témoignage,

de peur qu’eux aussi ne viennent

dans ce lieu de torture !”

Abraham lui dit :

“Ils ont Moïse et les Prophètes :

qu’ils les écoutent !

– Non, père Abraham, dit-il,

mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,

ils se convertiront.”

Abraham répondit :

“S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,

quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :

ils ne seront pas convaincus.” »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Comme à son habitude, Jésus invente une histoire pour nous décrire le Royaume de son Père et pour nous parler de ce qui nous attend après la mort. Ces mots ne sont pas à entendre de manière trop littérale, car le monde d’en haut est forcément très différent de ce que nous connaissons. Jésus tente pour nous de le décrire, mais il ne peut le faire qu’en s’appuyant sur la réalité terrestre, celle que nous connaissons.


Que retenir de son enseignement ?


Peut-être en premier lieu cette notion d’abîme entre le paradis et l’enfer. Ce que Jésus dit, c’est que notre entrée au paradis ou en enfer sera définitive. Le paradis, c’est la communion avec Dieu. L’enfer, c’est le rejet de Dieu et de sa volonté. La grande différence entre le ciel et la terre, c’est qu’ici-bas nous pouvons un jour accueillir Dieu et l’autre le rejeter. Nous pouvons nous convertir et nous pouvons chuter. Après notre mort, c’est différent. Notre réponse à l’appel de Dieu devient définitive. Soit nous accueillons son amour, soit nous le rejetons. Et il n’y a plus de conversion possible ; on ne peut plus traverser le grand abîme.


C’est plutôt une bonne nouvelle ! Ce qui nous fait souffrir en cette vie, pour une bonne part, c’est notre inconstance. Mais avec la grâce que Dieu nous donnera à la résurrection, nous pourrons enfin nous établir définitivement en lui. Nous en lui et lui en nous.


Du coup, il y a quelque chose de bizarre dans le discours tenu par le riche qui brûle en enfer. La vérité, c’est qu’il a rejeté Dieu, et qu’il l’a rejeté définitivement. Être en enfer, c’est ne plus jamais regarder vers Dieu, ne plus jamais s’intéresser à l’assemblée des saints. C’est encore moins se soucier du salut de ses frères en humanité.


Si Jésus met cette prière d’intercession dans la bouche du riche de la parabole, c’est pour que nous nous identifions mieux à lui et que nous nous disions : “ma place n’est pas en enfer mais auprès de mon Père, en son paradis”.


La conclusion de la parabole s’impose maintenant : si je ne veux être auprès de Dieu pour l’éternité mais que mon sort sera scellé à ma mort, alors c’est maintenant que je dois entrer en communion avec Dieu et faire sa volonté.


Au final, le passage le plus délicat, c’est peut-être le verset où Jésus fait dire à Abraham : “Rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui trouve ici la consolation et toi la souffrance”. Quand on lit ce verset, on a l’impression que Dieu se prend pour Robin des Bois. Les riches deviennent pauvres et les pauvres deviennent riches. On trouve ça aussi dans la prière du Magnificat. Je crois qu’il faut plutôt entendre : “le confort ou la peine que vous éprouvez maintenant ne préjugent en rien du confort ou de la peine que vous connaîtrez dans l’éternité. Les uns connaissent des vies difficiles, les autres semblent davantage épargnés. Mais le bonheur éternel n’est pas une question de chance ou de fatalité ; c’est une offre que Dieu fait à tous mais pour laquelle nous avons besoin de disposer nos cœurs. Celui qui s’escrime à rejeter la volonté du Seigneur sur cette terre aura objectivement plus de mal à l’accueillir quand il se présentera aux portes du ciel. Alors ne remettons pas à demain notre conversion et, pour nous tourner vers Dieu, tournons-nous vers le pauvre qui vient en son nom.


Amen.


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