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Le temps de prier

Homélie du dimanche 18 octobre 2022 (Lc 18, 1-8)




Évangile de Jésus Christ selon saint Luc


En ce temps-là,

Jésus disait à ses disciples une parabole

sur la nécessité pour eux

de toujours prier sans se décourager :

« Il y avait dans une ville

un juge qui ne craignait pas Dieu

et ne respectait pas les hommes.

Dans cette même ville,

il y avait une veuve qui venait lui demander :

‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’

Longtemps il refusa ;

puis il se dit :

‘Même si je ne crains pas Dieu

et ne respecte personne,

comme cette veuve commence à m’ennuyer,

je vais lui rendre justice

pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ »

Le Seigneur ajouta :

« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !

Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,

qui crient vers lui jour et nuit ?

Les fait-il attendre ?

Je vous le déclare :

bien vite, il leur fera justice.

Cependant, le Fils de l’homme,

quand il viendra,

trouvera-t-il la foi sur la terre ? »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Tout homme qui consacre du temps à la prière fait rapidement l’expérience que la prière peut être aride et sans goût et qu’elle ne répond pas à nos besoins, du moins tels que nous les exprimons.


Jésus, vrai homme, a expérimenté cette sécheresse. Sa prière au désert ou à Gethsémani s’en fait l’écho. Aussi, quand Jésus nous demande de prier, il ajoute aussitôt : “Persévérez dans la prière. Sans vous lasser. Sans vous décourager. Jour et nuit”.


Pour Jésus, la prière sollicite nécessairement la persévérance. Car le propre de la prière, c’est de durer. La prière, c’est donner son temps. Eh oui, il y a quelque chose de râpeux et d’inconfortable à sacrifier son temps. Donner son temps, c’est donner sa vie. Durer dans la prière, c’est persévérer dans le don de soi.


La première fois que nous avons éprouvé de la joie dans la prière, c’est quand Dieu nous a donné une grâce particulière : celle d’être exaucés ou celle de ressentir sa présence. Mais ces joies sont fugaces. Elles sont données pour un moment, un petit moment. Le bonheur durable et profond que procure la prière est d’un autre ordre. Il s’agit du bonheur de persévérer dans la prière même quand elle n’apporte plus son lot de satisfactions sensibles et éphémères.


Si Dieu nous laisse souvent secs dans la prière, c’est pour que nous allions puiser notre bonheur au plus profond, dans l’offrande consentie de notre temps et de notre vie au Père. Dieu aime beaucoup la prière faite avec foi et confiance, surtout quand l’âme s’y trouve amère et distraite. Non que le Seigneur se réjouisse de nos sécheresses de cœur, mais, dans la peine que nous nous donnons il voit l’amour fidèle qu’il nous inspire. A l’inverse, si nous cessons de prier dès que l’exercice nous lasse, nous ne ferons jamais l’expérience du bonheur promis à ceux qui “demeurent” dans l’amour du Seigneur.


Dans l’évangile, il est écrit : “Ceux qui crient vers Dieu jour et nuit, le Seigneur les fait-il attendre ?” Mais le texte grec original autorise une autre traduction que je vous livre maintenant : “Ceux qui crient vers Dieu jour et nuit, le Seigneur ne patiente-t-il pas avec eux ?” Il s’agit bien de cela. Puisque nous avons été créés dans l’espace et dans le temps, notre nature est de patienter. Dieu nous a inscrits dans le temps. Persévérer et patienter, c’est faire bon accueil à notre propre condition, c’est embrasser notre nature.


“Le Seigneur ne patiente-t-il pas avec nous ?” Bien évidemment. Chaque fois que Dieu traite avec l’homme, il s’inscrit lui-même avec l’homme dans ce temps. N’a-t-il pas attendu plusieurs siècles avant d’envoyer son Fils ? Et n’attend-il pas depuis des siècles de le laisser revenir au milieu de nous, dans sa gloire ? L’épreuve du temps est notre épreuve commune, celle de l’homme comme celle de Dieu. Il nous faut l’accepter.


Nous attendons le salut et Dieu attend notre conversion. Pour combien de temps encore ? Dieu seul le sait. Dans sa deuxième lettre, Saint Pierre nous explique que “le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, bien que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire”, dit Saint Pierre, “Dieu prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.” (2P 3, 9).


Il n’en reste pas moins qu’une prière prolongée, apparemment non exaucée, hâte mystérieusement le retour du Christ, c’est encore Saint Pierre qui le dit (2P 3, 12). Cette prière, provisoirement sans résultat, fait le bonheur de notre Père des Cieux : elle affirme la victoire de Dieu et elle la célèbre déjà. Quand nos prières auront ainsi suffisamment mûri, elles seront définitivement exaucées.


Amen.




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