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Le salut en cet enfant

Dernière mise à jour : 29 avr. 2024

Homélie du vendredi 24 décembre 2021 (Lc 2, 1-14)


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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc


En ces jours-là,

parut un édit de l’empereur Auguste,

ordonnant de recenser toute la terre

– ce premier recensement eut lieu

lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.

Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth,

vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.

Il était en effet de la maison et de la lignée de David.

Il venait se faire recenser avec Marie,

qui lui avait été accordée en mariage

et qui était enceinte.


Or, pendant qu’ils étaient là,

le temps où elle devait enfanter fut accompli.

Et elle mit au monde son fils premier-né ;

elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire,

car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers

qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs

pour garder leurs troupeaux.

L’ange du Seigneur se présenta devant eux,

et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.

Ils furent saisis d’une grande crainte.

Alors l’ange leur dit :

« Ne craignez pas,

car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,

qui sera une grande joie pour tout le peuple :

Aujourd’hui, dans la ville de David,

vous est né un Sauveur

qui est le Christ, le Seigneur.

Et voici le signe qui vous est donné :

vous trouverez un nouveau-né

emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable,

qui louait Dieu en disant :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,

et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


humains ou spirituels. Nous aurions souhaité un Dieu puissant et efficace, qui mette rapidement un terme à tout ce qui nous agresse... Et en cette nuit de Noël, nous héritons d’un Dieu tout à fait autre, un Dieu qui nous fait chercher la lumière auprès des plus petits.

● Il y a longtemps, très longtemps, un homme a parlé. Trois mille ans plus tard, nous nous souvenons encore avec précision de ce qu’il a dit... Ce phénomène est suffisamment rare pour être souligné ! Cet homme s’appelait Isaïe ; et sa parole, la voici.


Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ;

et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.


Isaïe s’adressait aux gens de sa génération. Des hommes et des femmes qui n’avaient aucun mal à se reconnaître dans cette image d’un peuple habitant le pays de l’ombre et marchant dans les ténèbres…

Car la vie était rude, à l’époque ! Le petit peuple d’Israël était gravement menacé par la puissance militaire assyrienne. Les intrigues politiques se multipliaient. La religion était en décomposition. Quelques nantis accaparaient les richesses et vivaient comme des patachons ; le reste vivait très pauvrement.


En trois millénaires - c’est merveilleux - nous avons gagné beaucoup de terrain sur la misère. Et pourtant, tous comprennent encore ce que veut dire “marcher dans les ténèbres”. Parfois, c’est nous qui vivons dans l’ombre. Quand ce n’est pas nous, c’est un membre de notre famille, un ami. Les habitants du pays de l’ombre, c’est vous, c’est moi. C’est l’humanité d’hier et d’aujourd’hui. Une humanité qui a soif de lumière, de chaleur et de réconfort.


C’est, je crois, la raison de notre présence dans cette église, ce soir. Sauf à être traîné par un autre, si nous avons quitté nos maisons respectives, si nous avons marché dans la nuit, c’est parce que nous cherchons une lumière et une chaleur qui ne se reçoivent en nul autre lieu.

Venir à la messe, la nuit de Noël, c’est dire : “Il y a une lumière que je n’ai pas chez moi, une lumière que je n’ai pas en moi, et qui - peut-être - me sera donnée ici.”

Venir à la messe de Noël, c’est dire, au fond : “Moi aussi, j’ai besoin de salut. Moi aussi, j’ai besoin d’un sauveur”, pour reprendre l’expression d’Isaïe.


Peu de gens disent aujourd’hui : “J’ai besoin d’un sauveur”... Ce pourrait-être notre première prière ce soir, dans le secret de nos cœurs. Dire à Jésus, avec simplicité et humilité : “J’ai besoin de ta lumière dans ma vie. J’ai besoin de toi.”


● Attention ensuite à ne pas nous méprendre sur le salut que nous attendons de la part de Dieu. Au temps d’Isaïe, les hommes du pays de l’ombre avaient espéré la venue d’un homme puissant qui fasse sa révolution et change la face de la terre.

Nous voyons bien que cela n’a pas fonctionné comme cela. Le signe que les anges donnent aux bergers, ce n’est pas un signe de puissance, c’est un signe de faiblesse. Un enfant emmailloté, couché dans une mangeoire. Un enfant que rien ne distingue, sans puissance, sans apparence de force, sans entourage efficace… Voilà celui que Dieu nous envoie pour nous sauver.


Nous aurons toujours à confronter nos rêves de salut, de joie et de victoire avec la réalité de cet enfant impuissant et sans aucun pouvoir. C’est compliqué d’abandonner l’illusion que le salut vient toujours du plus fort. Ce n’est pas facile de renoncer à aller chercher auprès des grands de ce monde la réponse à mes manques, qu’ils soient matériels,


A l’école de l’enfant Jésus, nous apprendrons à reconnaître la grandeur de Dieu sur le visage de nos frères, à commencer par ceux qui souffrent. Nous chercherons Dieu partout où la vie humaine se cherche et grandit. Nous devinerons sa présence partout où l’humanité est fragile et vulnérable.


Et quand nous aurons trouvé auprès d’eux la lumière, il nous restera encore un enfant à accueillir : celui qui est en nous. Car “si vous ne changez pas pour devenir comme les

enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu” dit le Seigneur.


Ce pourrait être ce soir notre deuxième prière. Dire à Dieu le Père : “Je suis ton enfant, l’enfant que tu aimes” et laisser Dieu et ses anges nous contempler et nous aimer, comme Jésus le fut en son temps.


Amen.

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