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Le grain qui meurt

Dernière mise à jour : 24 mars 2021

Homélie du dimanche 21 mars 2021 (Jn 12, 20-33)




Évangile de Jésus Christ selon saint Jean


En ce temps-là,

il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem

pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.

Ils abordèrent Philippe,

qui était de Bethsaïde en Galilée,

et lui firent cette demande :

« Nous voudrions voir Jésus. »

Philippe va le dire à André,

et tous deux vont le dire à Jésus.

Alors Jésus leur déclare :

« L’heure est venue où le Fils de l’homme

doit être glorifié.

Amen, amen, je vous le dis :

si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,

il reste seul ;

mais s’il meurt,

il porte beaucoup de fruit.

Qui aime sa vie

la perd ;

qui s’en détache en ce monde

la gardera pour la vie éternelle.

Si quelqu’un veut me servir,

qu’il me suive ;

et là où moi je suis,

là aussi sera mon serviteur.

Si quelqu’un me sert,

mon Père l’honorera.


Maintenant mon âme est bouleversée.

Que vais-je dire ?

“Père, sauve-moi

de cette heure” ?

– Mais non ! C’est pour cela

que je suis parvenu à cette heure-ci !

Père, glorifie ton nom ! »

Alors, du ciel vint une voix qui disait :

« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

En l’entendant, la foule qui se tenait là

disait que c’était un coup de tonnerre.

D’autres disaient :

« C’est un ange qui lui a parlé. »

Mais Jésus leur répondit :

« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,

mais pour vous.

Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;

maintenant le prince de ce monde

va être jeté dehors ;

et moi, quand j’aurai été élevé de terre,

j’attirerai à moi tous les hommes. »

Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie

“C’est l’heure” dit Jésus. L’heure pour lui de mourir et de ressusciter.

Et si Jésus dit avec tellement d’assurance que son heure est venue, c’est parce qu’un signe lui a été donné. Et ce signe, c’est que des Grecs demandent à voir Jésus. Ces hommes, non juifs, font le choix de Dieu.


Nous-mêmes, nous pouvons dire "C'est l'heure". C'est l'heure de mourir et de ressusciter. Pourquoi ? Parce que nous avons reçu le même signe. Ces trois dernières semaines, trois adultes sont ainsi venus nous rendre visite.Ces adultes poussent la porte de notre paroisse pour demander le baptême, alors qu’ils n’ont aucun lien avec notre communauté. Ils disent simplement : “Nous voudrions voir Jésus”.


Les grecs demandent à voir Jésus. Non pas les juifs, ceux qui forment déjà le peuple croyant, mais les païens. Jésus comprend à ce moment-là que le projet de Dieu se réalise déjà et que l’heure est venue d’aller jusqu’au bout de son amour.


Je parlais de ce “signe” à l’un de mes frères prêtres de Montpellier et lui aussi me disait que dans sa paroisse, des inconnus se présentaient pour recevoir le baptême. Alors qu’ils n’ont reçu aucune éducation chrétienne. Ils viennent voir Jésus. Ainsi s'accomplit la parole de Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens : “Cette grâce que Dieu m’a donnée pour vous, c’est que les païens sont associés au même héritage, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus” (Ep 5).


C'est donc le temps de mourir et de ressusciter. Pour Jésus, on comprend ce que cela veut dire. Pour Israël, on comprend aussi : au temps de Jésus, il fallait qu’Israël meure au projet d’un nouvel Israël, plus fort et majestueux, pour s'intéresser au salut de toutes les nations. Mais pour nous ? Ce n'est pas si différent. Il faut que l’Église meure au projet d’être forte, puissante et influente pour commencer à attirer d’autres personnes au Christ.


Je crois que l’Église commence à peine une mutation profonde depuis quelques années. Nous nous sommes crus forts. Et nous étions encrassés dans bien des habitudes mauvaises : l'autosatisfaction, la langue de buis, des déviances parfois graves passées sous silence. Tout cela avec la prétention de briller dans le monde. Pas de quoi attirer un chat. Au contraire, ces prétentions tiennent à distance ceux que la beauté de l’Évangile aurait pu attirer.


Maintenant que l’actualité nous apprend à être humbles et que, par ailleurs, la crise sanitaire nous rend pauvres, voici que l'Église intéresse de nouveau. “Nous n’avons pas peur de vos fragilités”, disent ceux qui viennent à notre rencontre. “Ces fragilités, vous les portez comme un fardeau, comme chacun apprend à porter les siennes. Maintenant, vous êtes accessibles. Vous portez un trésor dans des vases d’argile”.


Alors, continuons de mourir au projet d’un nouvel Israël, où l’Église redevienne belle et puissante, si tant est qu’elle le fut un jour.


Ce que nous demande le Seigneur, ce n’est pas de mourir à toute prétention. Ce qu’il nous demande, c’est de porter du fruit pour tous, comme la graine. Ce que nous demande le Seigneur, c’est de passer de cette préoccupation de nous-mêmes, qui nous emprisonne, au souci des autres. C’est cela, mourir comme la graine. C’est notre ego qui meurt. Ainsi, il laisse de la place à un être libéré de lui-même, pour le bonheur de tous ceux qui l’entourent.


Il en va ainsi de tous ceux qui vivent la Pâque du Christ :

les amoureux de tous les pays qui s’oublient eux-mêmes pour le bonheur de l’autre ;

les résistants aux oppressions injustes qui s’oublient eux-mêmes pour la liberté de tous ;

les mystiques de toute religion qui dépassent les formes de leur tradition religieuse particulière afin de s’ouvrir à l’universel de Dieu…


Nous ne sommes jamais davantage nous-mêmes qu’élevés par cette grâce dont nous, chrétiens, savons qu’elle nous vient du Christ. Continuons à mourir à notre moi un peu égoïste et limité et regardons vers ceux qui cherchent le Christ et qui comptent sur nous pour les accompagner vers sa lumière.


Amen.


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