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La vision de Daniel

Homélie du vendredi 29 novembre 2019 (Dn 7, 2-14)



Le passage du livre de Daniel que nous avons entendu en première lecture est pour le moins impressionnant. On l’appelle “la vision des quatre empires” parce qu’elle évoque les quatre nations qui ont dominé et asservi le peuple juif : les égyptiens, les assyriens, les chaldéens et les romains.


Ces quatre empires sont symbolisés par “quatre bêtes, énormes, qui sortent de la mer”. La mer symbolise la mort. Et de fait, ces quatre bêtes sèment la destruction. Elles sont hybrides, à mi-chemin entre des fauves et des oiseaux, parce qu’elles symbolisent le chaos, l’absence d’ordre et de sens. Ce sont des créatures qui ne correspondent pas au plan de Dieu.


Elles semblent tenir leur pouvoir d’un être plus puissant qu’elles, probablement Dieu. Cela ne veut pas dire que c’est Dieu qui ordonne à ces bêtes de semer la destruction. Cela signifie plutôt que c’est Dieu qui donne aux puissants de ce monde leur puissance et leur autorité, même quand ils en font un très mauvais usage. Cela signifie aussi que Dieu peut à tout moment les réduire à néant.


C’est ce qui arrive quand survient un vieillard aux cheveux et aux vêtements blancs. Il s’agit de Dieu, avec toute sa cour céleste organisée pour l’occasion en tribunal. Les quatre bêtes sont jugées. Leur force arrogante ne leur sert plus de rien, elles perdent leur domination ou sont tuées.


Cette vision rédigée un ou deux siècles avant Jésus-Christ raconte en fait la fin de la persécution des juifs au temps des Macchabées. Mais il n’est pas interdit d’y voir la description imagée du Jour Dernier, quand Dieu viendra juger le monde pour mettre fin à toute souffrance et nous établir dans son Royaume de paix.


Ce qui est magnifique - pour nous chrétiens, - c’est que cette vision culmine avec l’apparition d’une figure messianique qui nous est familière : “Je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté”. Pour nous, c’est le Christ, bien évidemment. Mais c’est émouvant de penser que, quand ce texte a été rédigé, les juifs attendaient un Sauveur sans encore savoir quelle forme concrète il allait prendre.


Nous le savons maintenant : Dieu a pris la forme d’un homme, un simple “fils d’homme”, né dans une crèche un soir de décembre. La boucle est bouclée : nous achevons notre année liturgique sur la vision du Christ Roi régnant sur tout l’Univers. Dès demain, la liturgie de l’Avent nous donnera de regarder de nouveau vers le petit de la crèche.


Qui cherche Dieu ne doit jamais s’arrêter aux récits de grandes victoires mais toujours revenir à la contemplation de ce qui est petit, humble et fragile.


Amen.


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