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Justice des hommes, justice de Dieu

Rm 3, 21-30 (homélie du jeudi 17 octobre 2019)



Saint-Paul explique dans la première lecture en quoi consiste la justice de Dieu.


Spontanément, nous aurions tendance à penser que Dieu fait justice quand il punit les pécheurs et qu’il fait miséricorde quand il délivre les pécheurs. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans la Somme de Saint Thomas d’Aquin (IIa-IIae, q. 19, a. 1, ad. 2). On dit d’une telle justice qu’elle est distributive : elle donne à chacun ce qui lui est dû.


Mais Jésus déclare solennellement dans le discours sur la Montagne, qu’une telle justice ne donne pas accès au Royaume : “Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.” (Mt 5, 20).


En effet, si Dieu se contentait de rendre à chacun selon ses bonnes et ses mauvaises actions, nous serions perdus. Aucune bonne action ne peut nous faire mériter le ciel. Aucune vie sainte ne nous permet de prétendre au salut.


En conséquence, la justice de Dieu, c’est de nous délivrer gratuitement de l’esclavage du péché. C’est de triompher en nous de la mort. Ce qui est juste, aux yeux de Dieu, c’est donner librement, gratuitement et en abondance. “Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve” dit Saint Paul.


Nous sommes invités, dans nos relations avec autrui, à prendre exemple sur la justice divine. Pour nous, faire ce qui est juste, c’est ajuster notre volonté et nos manières de faire à celles de Dieu.


Facile à dire mais comment faire ? Comment notre justice peut-elle devenir miséricorde ?


Benoît XVI donne une piste intéressante dans son encyclique Caritas in veritate. Il nous invite à ne pas nous arrêter à la seule justice distributive (celle qui donne à chacun selon la mesure de son travail ou de ses bonnes actions) mais à vivre la gratuité comme un devoir moral.


“L’autre m’oblige à pourvoir à ses besoins essentiels par sa seule présence et en raison de sa dignité”. Cette justice “naît de la reconnaissance que je suis lié à l’autre et qu’il est, dans un certain sens, une partie constitutive de mon être”. (Benoît XVI)

Somme toute, pour le disciple du Christ, la justice, c’est le devoir de charité.


Amen.