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Je serai discret et vous serez libres

Homélie du mercredi 18 décembre 2019 (Mt 1, 18-24)



Dans cet évangile, Matthieu raconte la naissance du Sauveur en quatorze mots seulement : “Quand Marie mit au monde un fils, Joseph lui donna le nom de Jésus”. Et c’est tout. Ensuite, on passe à l’Epiphanie.


Je crois que cette discrétion sur l’événement de Noël est intentionnelle de la part de Matthieu. L’évangéliste cherche à nous montrer l’humilité de Dieu quand il vient au monde. Les autres évangélistes passent du temps à nous décrire la pauvreté de la crèche, le manque de place dans les auberges, la simplicité des bergers qui viennent se réjouir de la naissance de cet enfant… Matthieu va plus loin encore : il annonce la naissance du Christ comme on évoquerait celle d’un inconnu.


Le Christ ne s’impose pas aux hommes.


Quand l’ange de Dieu apparaît à Marie, c’est pour lui demander son “oui”. Quand l’ange apparaît à Joseph, c’est aussi pour demander son adhésion : “Le Christ voudrait de toi comme père. Veux-tu rester avec Marie et prendre soin de cet enfant Dieu ?” Dieu suspend son projet d’amour au discernement et à l’acceptation d’un homme, Joseph.


Il en est de même pour nous. Le Christ ne s’impose jamais. “Veux-tu de moi ?”

A chacun de répondre, librement.


Quelle que soit notre réponse, Jésus reste discret. Il ne perturbe pas ceux qui le rejettent. Il reste humble et discret avec ceux qui l’accueillent.


Dans l’évangile de ce jour, Joseph prend paisiblement sa décision. Il n’est pas l’homme tourmenté que présente l’hymne acathiste, ce bel hymne du septième siècle où l’on dit de Joseph qu’il “se troubla, secoué par une tempête de pensées contradictoires.”


Non, Joseph bénéficie de la discrétion de Dieu et de la liberté qui lui est laissée. Joseph ne cherche pas à “renvoyer” Marie mais à la “rendre libre”. C’est en tout cas la traduction que Saint Jean-Paul II donne au mot “répudier” dans le texte grec.


Le dessein de Dieu peut se réaliser paisiblement parce qu’à chaque instant, la liberté nous est donnée de croire ou de ne pas croire, de suivre Jésus ou non.


Rendons grâce pour cette discrétion du Seigneur et cette liberté qui nous est donnée. Elle ne signifie pas que Dieu est indifférent à notre réponse. Bien au contraire. En faisant ainsi, Dieu se donne toutes les chances de nous voir le suivre et l’aimer. Puissions-nous être de ceux-là.


Amen.


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