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François de Foucauld

Un ami s'en va...




Médiatisé, le suicide du père François de Foucauld, prêtre du diocèse de Versailles, nous affecte tous. J'ai connu François au séminaire et si nous n'avons pas eu l'opportunité de vivre ensemble la mission ces deux dernières décennies, nous avons gardé jusqu'au bout des liens fraternels. Vendredi dernier, les obsèques de François furent pour toutes les personnes présentes un moment particulièrement douloureux. Outre la peine de la séparation et le contexte dramatique de sa mort, la famille de François était et reste partagée quant à sa lecture de l’événement : les uns parlent des fragilités psychologiques de François, les autres de manquements à l'accompagnement de la part de l'évêque ou de ses représentants. Difficile d'y voir clair, tant la situation semble complexe.


Ce qui me préoccupe, c'est que les suicides de prêtres ne sont plus si rares. Nous nous souvenons des deux passages à l'acte des jeunes prêtres Jean-Baptiste Sèbe - autre ami de séminaire - et de Pierre-Yves Fuméry dans les diocèses de Rouen et d'Orléans. C'était il y a quatre ans. Ancien supérieur du séminaire des Carmes à Paris, le père Robert Scholtus témoigne : tous "avaient une ambition spirituelle, une grande inventivité pastorale, intellectuelle, une largeur de vue" mais aussi "une fragilité, une vulnérabilité personnelles" dont nous découvrons trop tard qu'elles se commuent en souffrance extrême et en pulsions de mort. L'assemblée présente aux obsèques de François a interpellé les hommes d'Eglise : l'institution a-t-elle bien joué son rôle ? N'est-elle pas responsable, pour une part, de ce drame ?


Je n'ai pas de réponse. Tout le monde, clercs et laïcs, s'interroge : "On se demande ce qu'on n'a pas fait, ce qu'on a raté, comment on aurait pu empêcher ça" commente un autre supérieur de séminaire. Le suicide reste une question très complexe. Il y aura toujours quelque chose qui nous échappera dans cet acte d'une violence inouïe. Les conditions du passage à l'acte sont si compliquées qu'il serait malhonnête d'établir un schéma type.


En revanche, nous pouvons nous intéresser aux conditions nouvelles de l'exercice du ministère presbytéral. Dans une société où la religion ne tient plus le rôle social d'autrefois, les prêtres sont pratiquement tous destinés à devenir curés, et curés de paroisses aux territoires de plus en plus étendus. De nombreux prêtres se retrouvent ainsi propulsés dans un "métier de manager qui [les] place dans l'institutionnel, l'organisationnel" et qui les "prive de la relation immédiate, du contact" poursuit le père Robert Scholtus. La raison probable d'un essoufflement.


Il est difficile pour un évêque de décider la fermeture d'églises, comme il est difficile pour un laïc de prendre sa voiture pour rejoindre un autre clocher que le sien. Pour autant, le paysage de nos paroisses se redessinera nécessairement, avec ou sans nous. Les sanctuaires seront moins nombreux mais ils rassembleront une population déterminée à pratiquer sa foi, tout en étant géographiquement plus diversifiée. Des communautés que j'imagine dynamiques, engagées, plus petites mais plus humbles... Une chance pour l'Eglise ?


Dans le diocèse de Versailles, l'urgence d'une réorganisation se fait moins sentir en raison du nombre et de la jeunesse de nos prêtres. Mais les autres diocèses de France frappent à notre porte et demandent de l'aide. Aujourd'hui, une trentaine de prêtres des Yvelines sont ainsi prêtés à d'autres diocèses. Une proportion qui devrait augmenter dans les années à venir.


Dans ce monde en mutation profonde, continuons de tisser nos liens quotidiens d'amitié et de prière. Humblement, ne cessons pas de dessiner le visage de l'Eglise que nous aimons, celle qui nous ressemble : communauté d'hommes et de femmes qui croient et espèrent, qui prennent soin les uns des autres, qui veillent au chevet de ceux qui souffrent. Et portons François de Foucauld dans notre prière. Que Dieu l'accueille maintenant dans sa paix.

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