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Fenêtre sur le Royaume

Homélie du dimanche 5 septembre 2021 (Mc 7, 31-37)



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc


En ce temps-là,

Jésus quitta le territoire de Tyr ;

passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée

et alla en plein territoire de la Décapole.

Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler,

et supplient Jésus de poser la main sur lui.

Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule,

lui mit les doigts dans les oreilles,

et, avec sa salive, lui toucha la langue.

Puis, les yeux levés au ciel,

il soupira et lui dit :

« Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »

Ses oreilles s’ouvrirent ;

sa langue se délia,

et il parlait correctement.

Alors Jésus leur ordonna

de n’en rien dire à personne ;

mais plus il leur donnait cet ordre,

plus ceux-ci le proclamaient.

Extrêmement frappés, ils disaient :

« Il a bien fait toutes choses :

il fait entendre les sourds et parler les muets. »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


● Dieu nous a donné cinq sens. Cinq sens qui nous permettent de communiquer avec le monde extérieur… Nous voyons les visages et les choses. Nous entendons les sons et les voix. Nous sentons les odeurs et les parfums. Nous touchons le doux comme le rugueux et – béni sois-tu Seigneur ! – nous savourons les plats de nos tables et les bons vins qui les accompagnent.


Ces cinq sens sont pour nous le moyen de tisser des relations avec le monde qui nous entoure. Mais il ne faudrait pas réduire le monde extérieur au monde visible, audible et tactile, comme si nos cinq sens ne se bornaient qu’à appréhender le plus immédiat. Nos cinq sens sont capables de beaucoup plus : ils sont ouverts sur le monde invisible.


Par exemple, quand nos yeux se posent sur un visage, ils sont en capacité de déceler dans un mouvement de lèvres de la joie, de la gêne ou de la peine. Et quand nos oreilles écoutent la parole d’un autre, nous entendons bien au-delà des sons et des mots : nous savons nous arrêter sur un léger tremblement de la voix, nous savons remarquer un silence plus appuyé que de coutume… Et c’est ainsi que nous entendons plus que ce qui se dit.


Ainsi en est-il de tous les sens qui nous sont donnés par Dieu : chacun de nos sens nous ouvre à la totalité de la création : non seulement le visible, mais l’invisible. Non seulement la terre, mais le ciel. Non seulement le sensible, mais le suprasensible.


Dans l’évangile de ce jour, Jésus guérit un sourd-muet. “Ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia” dit Saint Marc. Mais il faut voir plus loin : ce que Jésus offre à cet homme, c’est la capacité d’appréhender le monde invisible et le monde surnaturel. Désormais, cet homme peut voir et entendre Dieu à l'œuvre dans le monde. Il peut sentir la bonne odeur du Christ, il peut goûter la tendresse du Père et toucher du doigt comment l’Esprit Saint agit dans les cœurs. Parce que ses cinq sens sont restaurés, cet homme peut discerner le Royaume de Dieu, présent au milieu de nous.


● Si maintenant nous regardons du côté de la foule, nous trouvons des gens dont les yeux, les oreilles et la langue fonctionnent très bien, techniquement parlant : ils voient, ils entendent et ils parlent. Mais pour un piètre résultat...


Ces hommes entendent mais ils n’écoutent pas : quand Jésus leur demande de garder le secret, ils répandent la nouvelle. Quand le muet se met à parler, ils ne retiennent rien de sa parole.


Ces hommes parlent mais ils disent n’importe quoi : quand Jésus guérit un sourd et non pas deux, ces hommes parlent d’une guérison plus large, comme si la foule elle-même était guérie de sa cécité.


Ces hommes voient mais ne regardent pas. Ils ont vu le Fils de Dieu à l'œuvre mais ils le quittent sans la moindre profession de foi : “Il a bien fait les choses”, voilà leur seule conclusion.


● Bien sûr, cet évangile doit nous interpeller. Car nous aussi, nous pouvons être de ceux qui ont des oreilles et n’entendent pas, des bouches et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas. C’est ainsi que dans la Bible on décrit les idoles. Et parfois, nous sommes les uns pour les autres nos propres idoles : les idoles de l’importance sociale, de la notoriété, de l’autorité qu’on peut avoir, des idéologies qui sécurisent ou de la consommation qui enivre.


L’antidote est donné dans l’évangile. C’est le recul que Jésus prend avec le sourd-muet : “Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, et là, il lui mit les doigts dans les oreilles, il lui toucha la langue”. Si nous-mêmes nous voulons discerner le Royaume, nous ne pouvons pas rester immergés en permanence dans l’action et le tumulte. Nous devons régulièrement nous laisser entraîner à l’écart, par le Christ et apprendre avec lui à regarder les choses autrement, à voir plus loin, à le voir lui.


Amen.


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