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Combat de titans

Homélie du dimanche 12 juillet 2020 (Mt 13, 1-9)





Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu


Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,

et il était assis au bord de la mer.

Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes

qu’il monta dans une barque où il s’assit ;

toute la foule se tenait sur le rivage.

Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :

« Voici que le semeur sortit pour semer.

Comme il semait,

des grains sont tombés au bord du chemin,

et les oiseaux sont venus tout manger.

D’autres sont tombés sur le sol pierreux,

où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;

ils ont levé aussitôt,

parce que la terre était peu profonde.

Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé

et, faute de racines, ils ont séché.

D’autres sont tombés dans les ronces ;

les ronces ont poussé et les ont étouffés.

D’autres sont tombés dans la bonne terre,

et ils ont donné du fruit

à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

Celui qui a des oreilles,

qu’il entende ! »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Bien des paroles sont bonnes à entendre et portent de beaux fruits en cette terre. Non seulement dans le giron de l’Église mais partout où il y a des hommes de bonne volonté. L’Esprit Saint, nous le savons, est à l’oeuvre dans tous les coeurs. Et Dieu aime se faire entendre par la bouche d’hommes bons, qu’ils soient religieux ou profanes. Dans bien des cultures, l’Église se réjouit d’y trouver des semences de la vérité, des éclats de la révélation divine.


Qui n’a pas lu avec plaisir quelques citations de Gandhi ? Qui n’a pas médité avec gratitude quelques pensées du Dalaï-Lama ? Quelles que soient notre culture et nos convictions, Dieu se plaît à inspirer aux hommes des paroles bonnes, selon son coeur.


Mais ici, dans les lectures de ce jour, il n’est pas question de ces fragments de sagesse disséminés dans le monde. Il est question de la Parole même de Dieu. Nous croyons que Dieu lui-même nous a parlé, d’abord par la médiation de prophètes comme Isaïe ; ensuite en Jésus-Christ.


Cette Parole divine a un statut tout à fait particulier. A la différence des autres, elle est vivante. Elle habitée par la vie divine et à ce titre, elle agit avec puissance. Dans l’Évangile selon Saint Marc, Jésus la décrit comme une semence qui pousse sans aide extérieure : “Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment” (Mc 4, 26-27). Dieu a semé sa Parole et la Parole produit d’elle-même son fruit à raison de trente, soixante, cent pour un !


Je vous propose d’accueillir dans la foi ce que Dieu nous dit de la puissance de sa Parole.


Trop souvent malheureusement, notre expérience semble contredire cette vérité. Il semble que la Parole ne parvienne pas toujours à accomplir de grandes choses dans notre vie, de la transfigurer dans les proportions attendues.


Est-ce parce que la Parole ne serait pas parvenue jusqu’à nos oreilles ?

Non, dit Jésus. Car son Père l’a semée absolument partout : non seulement sur la bonne terre mais jusque dans les ronces, les terrains pierreux, au bord des chemins, partout.


Est-ce que la Parole opère des miracles sans que nous nous en rendions compte ?

Oui, c’est probable. Car la Parole de Dieu a besoin de temps pour porter en nous du fruit : “La terre produit d’abord l’herbe” dit Jésus, “puis l’épi, enfin du blé plein l’épi” (Mc 4, 28).


Mais il y a une troisième piste pour comprendre le peu de bénéfices de la Parole de Dieu en nous. Malheureusement, nous sommes capables de mettre en échec la puissance de vie contenue dans la Parole de Dieu. Voilà la pointe de la parabole de ce dimanche... La puissance de la Parole et ses miracles peuvent être réduits à néant par simple manque de vigilance de notre part.


Au fond, nous sommes les acteurs et les spectateurs d’un combat de titans. D’un côté, la puissance de vie incroyable de la Parole de Dieu, cette même Parole qui a créé le monde et tout ce qui existe. De l’autre côté, notre défaut d’attention. Notre inadvertance est capable d’arrêter net le miracle de la Parole et de tenir Dieu en échec.


Dans un coeur endurci par les soucis et les affaires, encombré de richesses, inquiet de ses rivalités et de ses ambitions, la semence de Dieu se trouve terriblement à l’étroit. Elle est condamnée à végéter tristement et à ne jamais vraiment prendre son essor.


Puissions-nous cet été donner libre cours à la Parole de Dieu, la laisser imprégner nos coeurs et nos intelligences. Ainsi nous deviendrons pour nous-mêmes et pour nos frères sources de vie et terres de miracles.


Amen.


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