Homélie du jeudi 15 octobre 2020 (Ep 1, 1-10)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Paul, apôtre du Christ Jésus
par la volonté de Dieu,
à ceux qui sont sanctifiés et habitent Éphèse,
ceux qui croient au Christ Jésus.
À vous, la grâce et la paix
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.
Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ !
Il nous a bénis et comblés
des bénédictions de l’Esprit,
au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ,
avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés
devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils adoptifs
par Jésus, le Christ.
Ainsi l’a voulu sa bonté,
à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous donne
dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang,
nous avons la rédemption,
le pardon de nos fautes.
C’est la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder jusqu’à nous
en toute sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté,
selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
pour mener les temps à leur plénitude,
récapituler toutes choses dans le Christ,
celles du ciel et celles de la terre.
– Parole du Seigneur.
Homélie
Quelques mots sur la première lecture, tirée de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Ephésiens.
Nous sommes au tout début de la lettre. Elle commence par une splendide hymne de bénédiction destinée à exalter l’oeuvre merveilleuse du Père accomplie en Jésus-Christ. C’est une pièce maîtresse du Nouveau Testament.
Avec le prologue de l’Évangile selon Saint Jean, c’est le seul passage de l’Ecriture où Dieu nous parle de ce qui précède la création. On parle d’un début qui anticipe le temps et la création : c’est l’éternité divine où le Père, le Fils et l’Esprit portent déjà le projet de nous donner naissance. “[Le Père] nous a choisis, dans le Christ, dès avant la fondation du monde” dit Saint Paul. Avant même la naissance du monde, avant même le big-bang, il y a cette intention de Dieu nous créer. Et déjà se trouve en lui le projet de donner naissance à chacun, tels que nous sommes. En un sens, nous existons depuis toujours, dans le coeur de Dieu, à l’état de projet.
Le projet de Dieu englobe la création et la rédemption, le cosmos et l’histoire humaine. Son voeu le plus cher, c’est de “tout ramener dans le Christ”, c’est à dire de reporter tous les êtres vivants et toutes les réalités au Christ. Ce que dit la lettre aux éphésiens, c’est que le Christ n’est pas seulement la tête de l’Église, il est également le principe vital de référence de l’univers, de toutes les réalités terrestres et célestes.
L’hymne aux éphésiens parle ensuite de “prédestination”. Non au sens où nous serions privés de liberté et conduits par Dieu contre notre gré. “Tout ramener dans le Christ” ne se fait pas sans l’adhésion de notre volonté. Mais le Christ travaille inlassablement à ce que nous devenions “saints, immaculés devant lui, dans l’amour”. Nous sommes destinés à la sainteté. Nous sommes pré-destinés, c’est à dire destinés dès avant la création de l’univers, à ne faire qu’un avec le Christ et par lui avec le Père, dans l’Esprit. C’est ainsi que Dieu mène les temps à leur plénitude. En “récapitulant toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre”.
Peut-être pouvons-nous vivre cette Eucharistie en action de grâce pour cet amour qui nous précède de si loin et pour cette promesse d’accomplissement dans l’unité parfaite. En méditant sur cette hymne, Saint Jean Chrysostome disait : “Que nous manque-t-il encore ? Nous sommes désormais immortels, libres, fils, justes, frères, cohéritiers, Nous avons pris part à la royauté de Dieu et aux hommages. Tout nous a été octroyé. Les prémices (de la vie que nous avons reçue) sont adorés des anges, des chérubins, des séraphins… Que nous manque-t-il encore ?”
Amen.
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