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Amour ou charité ?

Homélie du jeudi 9 septembre 2021 (Lc 6, 27-38)




Évangile de Jésus Christ selon saint Luc


En ce temps-là,

Jésus déclarait à ses disciples :

« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :

Aimez vos ennemis,

faites du bien à ceux qui vous haïssent.

Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent,

priez pour ceux qui vous calomnient.

À celui qui te frappe sur une joue,

présente l’autre joue.

À celui qui te prend ton manteau,

ne refuse pas ta tunique.

Donne à quiconque te demande,

et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.

Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous,

faites-le aussi pour eux.

Si vous aimez ceux qui vous aiment,

quelle reconnaissance méritez-vous ?

Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.

Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,

quelle reconnaissance méritez-vous ?

Même les pécheurs en font autant.

Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour,

quelle reconnaissance méritez-vous ?

Même les pécheurs prêtent aux pécheurs

pour qu’on leur rende l’équivalent.

Au contraire, aimez vos ennemis,

faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.

Alors votre récompense sera grande,

et vous serez les fils du Très-Haut,

car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.

Soyez miséricordieux

comme votre Père est miséricordieux.

Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;

ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.

Pardonnez, et vous serez pardonnés.

Donnez, et on vous donnera :

c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,

qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;

car la mesure dont vous vous servez pour les autres

servira de mesure aussi pour vous. »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Beaucoup de chrétiens s’interrogent sur la notion de charité chrétienne et disent : “Certes, il nous arrive d’être charitables, mais au même titre que tout homme. Pourquoi présenter la charité comme une vertu spécifiquement chrétienne ?”


Je repense au débat télévisé de 1974 où Valéry Giscard d’Estaing avait dit à François Mitterrand : “Vous n’avez pas le monopole du cœur". Il est probable que nous, chrétiens, n'ayons pas le monopole de la charité.


La charité chrétienne, c’est la charité du Christ ; la charité chrétienne, c’est la charité de Dieu, c'est-à-dire sa façon à lui d’aimer. Et la manière d’aimer de Dieu ne ressemble pas à celle des hommes : “Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur” (Is 55, 8).


Là où les hommes aiment ceux qui les aiment et font du bien à ceux qui le leur rendent, Dieu aime ses ennemis, il fait du bien à ceux qui le haïssent. Voilà la définition de la charité. La charité est plus que l’amour. L’amour, nous en sommes capables. La charité, c’est une vertu théologale, c’est-à-dire un don de Dieu, une marque de la vie divine en nous.


Il faut que Dieu nous fasse le don de son Esprit Saint pour que nous puissions aimer nos ennemis et vouloir le bien de ceux qui nous haïssent. Et, de la même manière, à chaque fois qu’un homme travaille au bien de celui qui le persécute, nous savons de façon sûre que l’Esprit Saint lui a été donné en partage.


Aux chrétiens, il est demandé de vivre du don de la charité, don qu’ils ont reçu de façon sûre, par la grâce de leur baptême. Il leur est aussi demandé de reconnaître que Dieu n’est pas lié par ses sacrements et que l’Esprit Saint souffle où il veut. Être chrétien, c’est reconnaître l’Esprit qui est à l'œuvre dans le monde et nous en réjouir profondément, même s’ils ne sont pas chrétiens… Surtout s’ils ne sont pas chrétiens.


Une autre façon de parler de la charité divine, c’est de la comprendre comme un amour qui n’a pas de mesure. “La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous”, dit le Seigneur. Le propre de Dieu, c’est de ne pas avoir de mesure. Son amour est offert en abondance et à quiconque.


Devenir charitable, au sens chrétien du terme, c’est aimer non pas tel ou tel, au gré des circonstances, mais tous et toujours. Cela n’est possible que si nous reconnaissons en chacun ce qui le rend infiniment aimable : son appartenance au Christ, le fait qu’il soit créé comme nous à l’image et à la ressemblance de Dieu.


Amen.


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