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Aimez-vous les uns les autres

Homélie du vendredi 15 mai 2020 (Jn 15, 12-17)





Évangile de Jésus Christ selon saint Jean


En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. » – Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


“Aimez-vous les uns les autres” nous dit Jésus. Une formule qui paraît bien vague, si ce n’est mièvre. Mais si nous nous intéressons à l’amour tel qu’il nous est présenté dans l’Évangile, c’est du concret. L’amour, dans l’Évangile, ressemble à une échelle à quatre barreaux. Une échelle qu’il s’agit de gravir. Le premier barreau, c’est l’absence de jugement. “Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés” (Lc 6, 37). Juger autrui, c’est nous considérer supérieur à lui. C’est nous placer dans le bien et placer l’autre dans le mal. Nous jugeons autrui quand nous assimilons le mystère de sa personne aux faits que nous lui reprochons. Nous réduisons l’autre à sa faute. Le premier pas de l’amour, c’est de ne pas juger autrui. S’il est légitime de qualifier des actes bons et mauvais, il n’est pas heureux de réduire la créature à ce qu’elle est capable de produire. Le deuxième barreau de l’échelle, c’est le pardon. “Combien de fois dois-je pardonner ?” demande Saint Pierre. “Soixante-dix fois sept fois” répond Jésus (Mt 28, 21.22). Autant dire, autant de fois que nécessaire. Non seulement l’amour du Christ ne juge pas mais il pardonne. C’est à dire qu’il n’enferme pas l’autre dans la faute qu’il a commise. Après que les actes mauvais sont qualifiés, Jésus ouvre un nouvel avenir, un nouveau chemin d’amitié. Il cherche à retisser le lien, à repartir sur de bonnes bases. C’est ainsi que Jésus nous apparaît après sa mort, décidé à nous offrir un nouveau commencement. Le troisième barreau de l’échelle, c’est la miséricorde. La miséricorde, c’est Dieu lui-même, tel qu’il se révèle en sa personne. Le non-jugement et le pardon ne sont que des étapes qui mènent à Dieu. “Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux” dit Jésus (Lc 6, 36). La miséricorde a ceci de particulier qu’elle nous saisit aux “entrailles”, comme le veut l'étymologie hébraïque du mot miséricorde. C’est une disposition de fond qui fait que notre âme unie à Dieu désire ardemment le bien de celui qui a commis le mal. La miséricorde ne juge pas, elle pardonne à l’infini et en plus, elle se mobilise pour que l’autre ait la vie et qu’il l’ait en abondance. Le quatrième barreau, c’est l’expression maximale de la miséricorde telle que Jésus nous l’a manifestée sur la croix. Je veux parler de l’amour des ennemis. “Aimez vos ennemis” dit Jésus. “Faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient” (Lc 6, 27-28). De même que le Christ a eu des ennemis, nous avons des ennemis, que cela soit de notre responsabilité ou non. Avec réalisme, je dis de mon ennemi qu’il est mon ennemi. Mais au delà de l’objectivité de la faute et de la subjectivité de l’amertume, je peux aimer mon ennemi en reconnaissant que le mystère de sa personne et le mien se retrouvent au delà des dissensions, en un lieu commun : Dieu. Seule la foi nous fait reconnaître qu’un mystère d’unité nous précède et que tous nos efforts pour rejoindre le coeur de Dieu nous rapprochent aussi de nos ennemis. Nos ennemis sont eux aussi nés de Dieu. Leur vie, aussi dévoyée soit-elle, prend sa source en Dieu. Ainsi, avoir des ennemis est sans doute la meilleure école pour nous faire gravir les quatre barreaux de l’échelle, la plus redoutable aussi… Amen.

 

Homélie inspirée d’un commentaire de l’Évangile du père Guy Cordonnier.

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