Homélie du vendredi 7 février 2020 (Mc 6, 14-29)
Quel contraste entre les différents personnages de ce récit !
La fille d’Hérodiade semble être une simple exécutante. Elle sait danser - ce qui est déjà beaucoup - mais elle nous est décrite sans caractère, sans idées, sans profondeur. Son seul désir est de plaire et elle ne vit que dans le regard des autres. En dehors de sa danse, elle ne sait rien, ne cherche rien, ne pense rien.
Hérodiade, sa mère, est une forte tête. Elle sait ce qu'elle veut. Et elle le veut froidement, par tous les moyens ! Elle voit dans cette fête le désir d'assouvir sa vengeance et elle choisit de transformer ce qui aurait dû être un beau moment en crime abject.
En comparaison, Hérode paraît plus complexe, plein de contradictions. Il reconnaît que Jean-Baptiste est un homme juste mais il le laisse en prison. Il aime l’entendre, mais il reste indécis. Il veut protéger sa vie, mais il se laisse entraîner par celle qui veut sa mort.
Hérode est un homme plein de contradictions parce qu’il est un homme faible. Il est faible devant la fille d’Hérodiade, puisqu’il se laisse aller à des promesses démesurées. Il est faible devant Hérodiade, puisque sa fierté l'empêche de se dédire devant les convives.
Cette faiblesse, qui pourrait sembler anodine, l’a conduit à céder au péché de l’envie, à celui de l’orgueil, à celui de la colère... Cela jusqu’au meurtre.
Hérode me fait penser à cette mise en garde de l’Apocalypse où le Christ dit aux gens de Laodicée : “Je connais tes actions, je sais que tu es ni froid ni brûlant. Mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant ! Aussi, puisque tu es tiède - ni brûlant ni froid - je vais te vomir de ma bouche.”
A nous qui ne sommes ni des danseuses écervelées, ni des manipulateurs pervers, soyons attentifs à la mise en garde adressée aux faibles. Non que nous le soyons, mais il n’est pas si difficile de le devenir.
Quant à Jean le Baptiste, il est muet, d'un bout à l'autre du récit. Il a parlé avant, avec courage et il s'est retrouvé au fond d'un cachot. Et cette mort dans l'ombre, cette mort en silence, est le plus beau couronnement de son œuvre. Il voulait s'effacer totalement pour laisser place à Jésus ? Il sera son précurseur jusqu'au bout. C'est celui que l'Evangile nous donne en exemple.
Amen.
D’après un commentaire de Jean Lévêque, ocd.
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