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Une autorité nouvelle

Homélie du dimanche 31 janvier 2021 (Mc 1, 21-28)





Évangile de Jésus Christ selon saint Marc


Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.

Aussitôt, le jour du sabbat,

il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.

On était frappé par son enseignement,

car il enseignait en homme qui a autorité,

et non pas comme les scribes.

Or, il y avait dans leur synagogue

un homme tourmenté par un esprit impur,

qui se mit à crier :

« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?

Es-tu venu pour nous perdre ?

Je sais qui tu es :

tu es le Saint de Dieu. »

Jésus l’interpella vivement :

« Tais-toi ! Sors de cet homme. »

L’esprit impur le fit entrer en convulsions,

puis, poussant un grand cri, sortit de lui.

Ils furent tous frappés de stupeur

et se demandaient entre eux :

« Qu’est-ce que cela veut dire ?

Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !

Il commande même aux esprits impurs,

et ils lui obéissent. »

Sa renommée se répandit aussitôt partout,

dans toute la région de la Galilée.


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


● Si tous les gens sont frappés de l’enseignement de Jésus, c’est parce qu’il enseigne “pas comme les scribes.” Qui sont les scribes ? Les scribes étaient les spécialistes de la Bible, les interprètes officiels de la Parole de Dieu. Ces gens-là faisaient de longues études, plus longues que celles des prêtres aujourd’hui. De nos jours, nous sommes ordonnés vers trente ans. Les scribes, eux, attendaient d’avoir quarante ans avant de commencer à exercer leur mission. Cela leur donnait beaucoup d’autorité.


L’autorité, c’est quoi ? Ce mot vient du verbe latin “augere” qui signifie “faire croître, faire grandir”. Si les parents ont autorité sur leurs enfants, c’est parce qu’ils ont reçu la mission de les faire grandir. La mission des scribes, c’était de faire grandir en foi et en humanité ceux qui montaient prier au Temple.


Si leur autorité était reconnue, c’est parce qu’ils savaient beaucoup de choses. Malheureusement, toutes les connaissances des scribes n’aidaient pas les gens à grandir. Ils passaient leur temps à transmettre des tas de règles et de commandements mais eux-mêmes ne les mettaient pas en pratique. “Ils disent et ne font pas” dira Jésus (Mt 23, 3).


Les témoins crédibles, ceux qui nous font grandir, sont ceux qui vivent ce qu’ils prêchent. Et si la foule suit Jésus, c’est parce qu’elle trouve en lui une parfaite adéquation entre la Parole et les œuvres. Tout ce qu’il dit, il le fait. En cela, l’autorité de Jésus est “nouvelle”.


● Tout cela devrait nous réjouir. Qu’un homme, enfin, accorde sa parole et ses actes, c’est plutôt une bonne nouvelle ! D’autant qu’en Jésus, cette cohérence est ordonnée au bien. Mais - la suite de l’histoire le dira - cette cohérence peut engendrer la peur dans le cœur des hommes.


Ainsi les juifs du Sanhédrin ont eu peur de Jésus, en dépit de sa grande bonté. “Mon Dieu ! Tout ce qu’il dit, il le fait. Tout ce qu’il prêche, cela se réalise… Déjà, il met en lumière nos manquements... Qu’allons-nous devenir, s’il en vient à nous condamner ?”


Aujourd’hui encore, il arrive que les hommes cohérents nous fassent peur. Précisément parce que cela leur donne de l’autorité sur nos vies. C’est ainsi que beaucoup de chrétiens se sont construits au siècle dernier sur la peur du jugement : “Le Christ est cohérent, je ne le suis pas autant. Le Christ est en droit de me juger et me condamner, donc je respecte ses lois.”


Aujourd’hui, cette peur est tombée. Sans doute parce que les nouveaux scribes que nous sommes ne sont pas plus cohérents que ceux d’autrefois. De nous aussi, Jésus peut dire : “Ils disent et ne font pas”. La foule ne s’y trompe pas : il n’y a pas à avoir peur de la parole d’hommes d’Église pécheurs et inconstants. Puisque leur parole ne les engage pas, elle ne nous engage pas davantage.


● Nous tous, les témoins de Jésus, nous sommes face à un drôle de défi...


Tous ensemble, nous sommes appelés à retrouver cette cohérence entre nos paroles et nos actes, entre l’Évangile que nous professons et la réalité de nos vies. C’est le premier chantier, le plus urgent, le plus important.

Cela fera de l’Église du Christ une communauté dépositaire d’une “autorité nouvelle”, une autorité semblable à celle de Jésus.


Beaucoup s’en émerveilleront, comme la foule dans l’évangile de ce jour. Mais d'autres auront peur de ce que nous serons devenus et de cette autorité nouvelle. Ils auront peur d’être jugés et condamnés. Comme le Christ en son temps, nous devrons rassurer autrui en montrant non seulement par nos paroles mais par nos actes que nous sommes ici non pour juger et condamner mais pour servir et faire miséricorde.


Amen.


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