Etre du Royaume
- Père Alain Schmitt
- 15 mars 2021
- 4 min de lecture
Homélie du dimanche 14 mars 2021 (Jn 3, 14-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement,
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici :
la lumière est venue dans le monde,
et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste
que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Le texte que nous venons d’entendre fait partie d’un dialogue que Jésus entretient avec son ami Nicodème ! Une discussion qui les amène tous deux au cœur de la Foi : tout disciple du Christ est invité à renaître à la vie. Une nouvelle naissance qui est d’un autre ordre que celle qui nous a mis au monde ! Une naissance qui nous ouvre les portes du Royaume de Dieu.
Mais comment renaître à ce monde ? C’est la question de Nicodème, c’est la nôtre aussi, car faire route vers Pâques, vers la résurrection, vers la Vie nouvelle, n’est-ce pas, à notre tour, choisir de vivre la résurrection ?
Et Jésus de nous rappeler un des évènements qui avaient marqué le peuple hébreu quand il était au désert… le peuple avait murmuré contre Moïse et Yahvé, à cause du chemin trop long, trop dur. Ils avaient été punis de leur manque de confiance par l’envoi de serpents dont la morsure fit mourir certains. Seuls ceux qui tournaient leurs regards vers le serpent de bronze que Moïse avait érigé, furent guéris et eurent la vie sauve ! Seuls ceux qui acceptaient de lever leurs yeux, de porter leurs regards, vers leur Dieu., seuls ceux qui acceptaient la miséricorde et le pardon de Dieu,
Et Jésus se compare à ce serpent d’airain élevé au désert, signe du pardon et de l‘amour de Dieu. Lui aussi va être élevé sur la croix, signe à nouveau de l’amour de Dieu pour l’homme !
Et comme pour le peuple d’alors, Jésus nous invite à contempler le signe que Dieu nous donne : nous sommes invités à porter notre regard vers Jésus en croix : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… ». Nous sommes invités à méditer sur la profondeur de l’amour de Dieu ! Oui l’amour de Dieu va jusque là ! Et c’est dans cet amour que nous pouvons à notre tour trouver force et désir d’aimer à ce point
En agissant ainsi nous sommes sauvés nous dit Jésus, et de plus, celui qui croit en cet amour de Dieu, celui qui choisit de faire route dans cet amour n’aura pas à craindre de jugement. Car comment craindre le jugement, quand on est jugé par son meilleur ami ?
Que voyons-nous quand nous contemplons Jésus en croix : un homme fidèle à la vérité et à la justice, un homme se mettant du côté des plus petits, prenant la condition des mal aimés et des rejetés, un homme qui pardonne et invite à la paix malgré tout !
Mais aussi un Dieu Amour qui donne tout pour que l’homme soit debout, libre et vivant ! Un Dieu Amour qui se met au service du plus petit, du mal aimé, du rejeté ! Un Dieu amour qui invite au pardon et à la Paix !
Des mots qui résonnent bien étrangement dans ces temps difficiles et de conflits en tous genres où certains en profitent de tirer la couverture à eux.
Face à une telle vision si négative de Dieu, nous sommes d’autant plus poussés à réagir et à donner partout où nous vivons le témoignage d’une autre image de la Foi et de l’amour de Dieu ! Nous laisser envahir par cette nouvelle force d’amour, initiée et mise en œuvre par le Christ, et que nous sommes invités à porter au monde par nos paroles et nos actes.
Une telle invitation nous pousse à la conversion et à faire peau neuve, nous pousse à ressusciter, en nous engageant au service de cet amour. A nous d’inventer des chemins nouveaux, à nous de bâtir des projets nouveaux prenant appui résolument sur l’amour du Christ ! Des projets qui vont pousser de côté nos vieilles habitudes, nos égoïsmes et nos assurances d’être parvenu pour faire place, à l’image du Christ, à la défense du petit, à l’amour du rejeté et au combat pour la justice. A nous d’inventer, d’imaginer des projets qui feront naître un monde nouveau !
Tout cela nous suggère trois attitudes qui nous sont donc proposées pour être du Royaume.
- Contempler la croix, méditer et oser nous remettre en question jusqu’à la conversion intérieure en nous laissant toucher par l’amour de Dieu ;
- Comprendre qu’une mission nous est donnée : inventer, créer, monter des projets d’amour tout autour de nous ;
- Ne pas avoir peur de nous unir et de rassembler nos idées pour des projets communs. Car il est bien connu que ce sont les petites gouttes d’eau qui font les rivières.
Je vous propose maintenant un temps de silence. Face à la croix, contemplant l’amour du Christ mais nous laissant aussi regarder par Jésus, laissons nos cœurs devenir de chair et osons prendre des chemins nouveaux.
Amen.
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