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Quand Il nous laisse ramer

Homélie du mercredi 8 janvier 2020 (Mc 6, 45-52)



“Les disciples étaient au comble de la stupeur, car ils n’avaient rien compris au sujet des pains”. Cette petite incise de Marc montre que, pour l’évangéliste, l’événement de la multiplication des pains et celui de la marche de Jésus sur les eaux n’en font qu’un.


Dans le premier récit où Jésus nourrit cinq mille hommes par sa prière, Jésus montre qu’il participe au pouvoir créateur du Père. Lui-même, le Fils, est Créateur de toutes choses.


Dans le second récit, Jésus montre que son autorité sur la création lui donne pouvoir sur la mort. Celui qui marche sur les eaux sans s’y noyer commande non seulement aux éléments mais à la mort elle-même.


Les disciples ont été les spectateurs privilégiés de ces deux événements mais ils n’en ont pas compris le sens et la portée. Pour une bonne et simple raison : eux-mêmes ne cessent de se débattre contre les éléments. Dans leur propre vie, ils connaissent des tempêtes et des accalmies, des famines et des retours à la satiété… Leur conviction c’est qu’au bout du compte, personne ne maîtrise rien.


Reconnaître que Jésus fait exception n’est pas chose aisée. Il ne leur suffit pas de voir Jésus donner la vie et dominer la mort pour le croire définitivement maître de toutes choses.


Dans nos vies, il en est de même. Notre expérience est identique à celle des disciples. Dans le meilleur des cas, nous avons vu la puissance de Dieu à l’oeuvre. Ici, nous avons été nourris. Ici, nous avons été guéris. Mais de là à croire que Jésus peut indéfiniment nous donner la vie et nous garder de tout mal, notre expérience immédiate semble le contredire.


Comme les disciples, notre foi est ébranlée par ces moments où Jésus nous congédie et se retire. Nous ne comprenons pas son silence et son absence en ces moments où il nous laisse ramer en pleine nuit, comme dans l’évangile de ce jour.


Aujourd’hui, les disciples se satisfont de la parole réconfortante de Jésus : “Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur.” Mais toute la lumière ne leur sera donnée qu’après la résurrection et le don de l’Esprit.


Ce jour-là, ils comprendront que la vie de Jésus nous est bel et bien donnée dans toutes nos expériences, à commencer par celles où Dieu semble absent, jusque dans la mort. Seuls les yeux de la foi discernent la présence du Vivant dans les expériences de mort. C’est le mystère pascal, c’est le coeur de notre foi.


Amen.


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