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Pas de justice sans gratuité

Homélie du vendredi 8 novembre 2019 à Sainte-Marie (Lc 16, 1-8)



Nous retrouvons l’évangile dit "du gérant malhonnête", déjà proclamé il y a six semaines.

Un évangile qui ne fait pas la promotion de la malhonnêteté mais plutôt de la gratuité et du don. Car, au final, c’est bien cela dont Jésus se réjouit : ce gérant a introduit de la gratuité dans une logique de marché qui, jusque-là, en était dépourvue.


Il y a dix ans, le pape Benoît XVI signait une lettre sur le sujet de la gratuité dans les échanges économiques, l’encyclique Caritas in Veritate. Voici ce qu’il déclare :

“Dans les relations marchandes, le principe de gratuité et la logique du don comme expression de la fraternité peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale”.


A l’intérieur et non pas à côté. C’est là la nouveauté. Jusque-là, l’Église invitait simplement les riches à faire oeuvre de solidarité envers les pauvres. Comme le pape François l’a encore récemment écrit : “Le Pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. ”


Benoît XVI, lui, appelle à un véritable changement de paradigme économique : “Il faut œuvrer – et cette observation est ici essentielle ! – non seulement pour que naissent des secteurs ou des lignes ‘éthiques’ dans l’économie ou dans la finance, mais pour que toute l’économie et toute la finance soient éthiques et le soient non à cause d’un étiquetage extérieur, mais à cause du respect d’exigences intrinsèques à leur nature même”. Pour Benoît, la nature de la finance et de l’économie doit être redessinée pour impliquer la gratuité et ainsi exprimer la fraternité. Il travaille à ce que le but des échanges économiques et financiers ne soient plus l’accumulation du profit mais la justice et le bien commun.


Il s’agit au fond de “civiliser” l’économie. De la faire passer de son expression naturelle à son étape de maturité où l’économie organiserait la fraternité et promouvrait une réciprocité universelle au sein même des échanges.


Cette “nouvelle économie est-elle une utopie ?” Non, pense Benoît XVI. Même s’il reconnaît que nous sommes “devant une tâche inédite et créatrice, assurément vaste et complexe”, Benoît croit en la capacité de la raison humaine à relever ce défi.


Prions pour que nos plus grands économistes et financiers se laissent interpeller par cet appel. C’est probable, tant ils ont conscience que le système actuel n’est plus viable à long terme. Quant à nous, à notre humble niveau, sachons injecter de la gratuité dans nos propres échanges, selon ce que nous discernons être la volonté du Seigneur. “Aujourd’hui, dit Benoît XVI, il faut dire que sans la gratuité on ne parvient même pas à réaliser la justice.”


Amen.


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