Homélie du mercredi 11 mars 2020 (Mt 20, 17-28)
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Ce monde nous définit principalement par les charges que nous occupons et les travaux que nous menons. Invariablement, nous nous présentons en société en décrivant la nature de nos activités et le champ de nos responsabilités.
Dieu, lui, se moque du nombre de talents que nous faisons fructifier ou du nombre de villes dont la régence nous a été confiée. Dieu regarde simplement la bonté que nous mettons en chacune de nos oeuvres.
Beaucoup sont tristement mobilisés par la recherche de nouvelles responsabilités et de nouveaux honneurs. Ils pensent en cela s’accomplir et prouver leur valeur aux yeux du monde. Malheureusement, ces hommes font invariablement ressentir leur pouvoir sur autrui et en oublient d’être bons.
"Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi" dit Jésus.
En Église, on appelle cléricalisme l’état d’esprit qui envisage les charges non comme un service que l’on reçoit mais comme un pouvoir que l’on s’arroge, dont on abuse et dont on fait sentir les effets sur les autres. Les désirs de grandeur et les rêves de préséance de quelques-uns conduisent les chrétiens qui les côtoient à exercer leurs propres missions dans des conditions difficiles voire révoltantes.
L’évangile de ce jour se veut l’antidote du cléricalisme. Jésus nous demande de dire adieu à tout réflexe de supériorité, à tout désir d'auto-réalisation, à toute stratégie de puissance… Le disciple ne doit pas faire sentir aux autres la moindre miette de son pouvoir mais s’oublier pour le bien d’autrui.
Voilà le sens eucharistique de l’existence chrétienne : notre vie est "offrande agréable" à Dieu quand elle est ramenée à cet impératif premier de la charité qui nous presse.
Amen.
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