Homélie du mercredi 14 octobre 2020
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait :
« Quel malheur pour vous, pharisiens,
parce que vous payez la dîme
sur toutes les plantes du jardin,
comme la menthe et la rue
et vous passez à côté du jugement et de l’amour de Dieu.
Ceci, il fallait l’observer,
sans abandonner cela.
Quel malheur pour vous, pharisiens,
parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues,
et les salutations sur les places publiques.
Quel malheur pour vous,
parce que vous êtes comme ces tombeaux qu’on ne voit pas
et sur lesquels on marche sans le savoir. »
Alors un docteur de la Loi prit la parole et lui dit :
« Maître, en parlant ainsi,
c’est nous aussi que tu insultes. »
Jésus reprit :
« Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous,
parce que vous chargez les gens
de fardeaux impossibles à porter,
et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux
d’un seul doigt. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
“Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues et les salutations sur les places publiques.” En méditant cette parole de Jésus, je repensais à ce que m’a dit un jour un vieux prêtre : “Quand on ne se sent pas aimé, me disait-il, on cherche à être admiré”.
Tous, nous avons besoin de nous sentir aimés. Parce que nous sommes faits pour cela : pour être aimés. C’est d’abord pour cette raison que Dieu nous a créés : Dieu voulait avoir quelqu’un à aimer, quelqu’un à qui il puisse tout donner, jusqu’à sa propre vie.
Et Dieu nous a créés avec la soif d’être aimés. Afin que ne soyons jamais repus de son amour. Cette soif abyssale nous caractérise. Elle est notre marque de fabrique. Elle est le sceau qui certifie que nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu. Cette soif d’être aimés ne passera jamais, parce que l’amour de Dieu nous sera toujours donné, à chaque instant et à profusion.
Malheureusement, il arrive dans la vie qu’on ne se sente pas aimé. C’est une tromperie des sens, un défaut d’intelligence, un terrible manque d’acuité. Nous sommes aimés infiniment, les flots de son amour ne tarissent pas, mais notre coeur est ailleurs. Nous pouvons alors tomber dans deux pièges. Le plus souvent, c’est l’un ou l’autre, pas les deux. Mais les conséquences sont aussi délétères.
Le premier consiste à absolutiser l’amour humain. On attend tout de son ami(e), de son épouse ou de son mari. Mais ceux qui nous aiment ne peuvent pas donner autant que Dieu. Seul l’amour de Dieu est total, parfait, radical et sans défaut. Nos amitiés et nos amours humaines sont belles, parce qu’elles sont des reflets de l’amour du Seigneur mais elles ne sont pas en mesure de combler notre soif infinie d’être aimés. Cela, seul Dieu peut le faire. Quand on absolutise l’amour humain, on en sort déçu, abimé, meurtri. Au point parfois de ne plus croire en l’amour. On finit par en parler de manière désabusée, ironique. On se reproche d’avoir cru dans nos rêves d’enfants de princesses et de princes charmants.
Quel dommage... On a simplement oublié de retourner à la source de tout amour. De visiter le Saint-Sacrement, de redire à Jésus combien nous avons besoin de lui et combien nous sommes heureux de l’avoir pour frère et pour ami.
L’autre écueil dans lequel on peut tomber quand on ne se sent pas aimé, c’est celui dont Jésus cherche à nous prévenir dans l’évangile de ce matin/soir. “Quand on ne se sent pas aimé, on cherche à être admiré”. A l’époque de Jésus, on cherchait les premières places dans les synagogues ou à se faire saluer sur les places publiques. Aujourd’hui, on l’exprime peut-être d’une autre manière. On cherche de l’approbation dans le regard de l’autre. On cherche à adapter notre comportement et nos prises de paroles pour que les autres soient le plus souvent contents de nous. On est à l’affût d’un signe d’approbation ou d’un “like” sur les réseaux sociaux. Sans nous en rendre compte, nous nous construisons une prison. Au lieu de nous comporter et de nous exprimer librement, nous essayons de correspondre à ce que nous croyons que les autres attendent de nous. C’est du vent. Ca sent la mort, dit Jésus. C’est peut-être beau à voir de l’extérieur mais à l’intérieur, c’est vide, c’est creux. On ne se reconnaît plus soi-même. On ne s’apprécie plus non plus. Et on doute encore plus de pouvoir un jour être aimé.
Le salut, c’est de partir non de ce que les autres attendent de nous mais du Christ et de l’Évangile. Peu importe que cela plaise ou déplaise... Peu importe que cela soit facile ou difficile... Si c’est l’Évangile, alors ca respire ! Je me trouve et en me trouvant, je trouve Dieu. Je me sais aimé à la mesure de ma soif et cela me donne la force d’aimer en retour, beaucoup.
Amen.
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