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Efficace, la prière ?

Lc 18, 1-8 (homélie du dimanche 20 octobre 2019)



Jésus aborde dans cet Évangile la question épineuse des prières non exaucées.

Jésus dit “Demandez et vous recevrez” (Mt 7, 7) et il nous semble parfois qu’aucune porte s’ouvre en réponse à notre prière : nous ne recevons rien, nous ne trouvons rien.


Certaines de nos prières voudraient simplement que Dieu assouvisse nos égoïsmes. Saint Jacques dit à raison de ces prières : “Vous demandez mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs.” Mais que penser des prières qui demandent ce qui est bon pour nous-mêmes ou pour notre prochain ? La joie pour les affligés, la délivrance pour les captifs, la santé pour les malades ?


En réponse, Jésus nous parle de son Père comme d’un juge parfait, qui ne tarde pas à faire justice à ses élus. C’est bien, en effet, ce qu’on attend de Dieu ; mais dans la réalité, tout se passe autrement. Les jours s’écoulent, les semaines, les mois… et il arrive que l’élu de Dieu “crie vers lui jour et nuit”, sans rencontrer d’autre écho que sa voix, de plus en plus désespérée.


J’entends déjà la réponse de saint Pierre : “Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.” (2P 3, 9). Cependant, ce détour nous laisse insatisfaits. Car dans l’évangile de ce jour, il ne s’agit pas de patienter avec des injustes mais de ne pas laisser souffrir plus longtemps une malheureuse (Si 35,18-24).


Il faut donc revenir à la parole de ce jour et l’accueillir comme elle est. “Bien vite”, dit Jésus, “Dieu fait justice”. Il y a ce que fait Dieu, qui est toujours conforme à sa bonté et à sa justice, et il y a ce que nous en percevons. Alors que Dieu semble se taire, il est en train de nous écouter. Alors que Dieu semble impuissant, il est sans cesse au travail. Alors que Dieu paraît absent, il conforte en silence ceux qui souffrent.


Difficile à croire, me direz-vous ? Oui. C’est la raison pour laquelle Jésus sollicite aussitôt notre foi. “Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?” Car celui qui ne croit plus en la fécondité de la prière cesse de demander et ainsi, il ne reçoit plus. Il cesse de chercher et ainsi, il ne trouve plus. Il cesse de frapper et ainsi, on ne lui ouvre plus la porte. Cet homme-là nourrit sa désespérance. Il pense trouver dans son malheur la confirmation de son intuition : “Dieu ne prend pas soin de ses enfants”.


A l’inverse, l’homme qui prie avec foi sait que sa prière lui vaut maintenant l’attention de Dieu et la communication de sa grâce. Ce qui nous contraint à patienter, ce n’est donc pas le temps de réaction de Dieu à nos prières, c’est le long mûrissement des grâces qu’il a déposées en nous. Car la grâce divine a besoin de temps pour pénétrer notre nature et déployer en nous toutes ses potentialités. Sans cesse, Jésus compare l’avènement du Royaume à la lente croissance du blé ou de la vigne. Il en est de même de la prière. La moindre prière est comparable à l'ensevelissement d’une graine de moutarde en notre terre. Insignifiante sur le moment, elle est promise à devenir un grand arbre.


Ainsi, c’est bien la foi qui nous donne de persévérer quand nous demandons quelque chose à Dieu. “Croyez que vous l’avez obtenu” (Mc 11, 24) nous dit Jésus, sans sourciller. Toute l’expérience des grands priants de la Bible va dans ce sens : alors que la souffrance leur fait voir fantasme sur fantasme, la foi leur fait entendre ce que Dieu dit de lui-même et de son œuvre. La foi nous fait dépasser nos évidences. Comme le dit la lettre aux Hébreux, “la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.” (Hb 11, 1).


Amen.


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