Devons-nous prêcher pour notre paroisse ?

Carte de Jérusalem - Mosaïque de Madaba - fin du VIème s.
Pour répondre à cette question provocante, basée sur l'adage bien connu, commençons en se penchant sur notre conception de la paroisse.
La paroisse est le mot que nous utilisons habituellement pour définir notre communauté. Mais en connaissons-nous le sens véritable ? Il vient du grec ancien « paroikia » et signifie littéralement la maison d’à côté, revêtant la signification du séjour en pays étranger. Les communautés chrétiennes naissantes l’ont employé pour désigner le territoire d’une cité épiscopale. Nous pourrions le comprendre comme un lieu où se vit déjà la réalité de la Jérusalem céleste sur terre. Dans un second temps, vers le Vème siècle, l’utilisation du mot s’est étendue aux communautés qui se développaient en dehors du siège épiscopal, tout en continuant à dépendre de lui.
Ces deux éléments de définition de la paroisse ont traversé l’histoire par la Tradition. Nous en sommes les héritiers, étant à la fois le lieu où l’ont peut se ressourcer avec les réalités d’en-haut, mais aussi le lieu où nous sommes unis autour du pasteur installé par le Christ pour conduire son troupeau. La charge du curé revêt aussi ces deux dimensions signifiées plus particulièrement par le rite de son installation.
Au début de la célébration, le curé reçoit la clé de l’église. Cela nous rappelle ce que le Christ dit à saint Pierre sur le pouvoir de lier et de délier afin que s’ouvrent les portes du ciel pour chacun d’entre nous. Ensuite le curé reçoit l’évangéliaire pour proclamer l’évangile du Christ afin que se perpétue l’envoi en mission : « Allez de toutes les nations et baptisez-les ». Puis l’évêque interrogera le nouveau curé comme au jour de son ordination sur sa volonté de servir en communion avec lui, pour que tous les paroissiens sachent la confiance qui lie l’évêque et son prêtre, pour eux-mêmes pouvoir lui donner leur confiance.
Ce rite particulier prendra ensuite la forme d’un petit pèlerinage dans l’église. L’évêque fera le tour avec le curé pour lui confier les lieux suivants : le baptistère, le confessionnal, le tabernacle et le siège de présidence, pour rappeler la mission première de la vie sacramentelle. Baptiser, confesser, célébrer l’eucharistie. Le rite se terminera avec l’engagement solennelle du curé de ne professer que la foi de l’Eglise. Il proclamera le Credo seul devant tout le monde.
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici de mettre en avant la personne du nouveau curé, ni de mettre en avant la beauté déjà présente de notre paroisse, mais de nous rappeler les deux dimensions qui doivent présider à la vie de notre communauté : la communion autour du Christ et l’avant-goût du Ciel. N’est-ce pas là une belle boussole que l’Eglise nous donne pour discerner notre vie paroissiale ?