Conduit pour être tenté ?
Homélie du dimanche 1er mars 2020 (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11)

● Après avoir refermé le livre de la Genèse, nous partons souvent avec la désagréable impression que Dieu y est pour quelque chose dans nos tentations. Cette histoire d’un arbre planté au beau milieu de notre jardin et auquel il ne faudrait surtout pas toucher ressemble de la part de Dieu à un jeu sadique.
Mais à y regarder de près, il n’y a pas un arbre mais deux. Le premier, celui qui est posé devant nos yeux, au centre du jardin, c’est l’arbre de la vie. Celui dont Dieu a dit : “Tu peux en manger les fruits, ainsi que de tous les autres arbres du jardin”.
Et puis, il y a l’arbre de la connaissance non seulement du bien mais du mal. Cet arbre-là, pour ne pas être au centre du jardin, se trouve nécessairement à l’écart. Cet arbre-là, il faut se déplacer pour le regarder et le convoiter.
Dieu n’est donc pas celui qui nous piège. Si Dieu donne une place, dans notre jardin, à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est le signe qu’il nous a faits libres, à son image. Oui, la possibilité nous est donnée de faire le bien ou de commettre le mal. Non, Dieu ne nous soumet pas à la tentation. Celui qui conduit l’humanité à la tentation, c’est le serpent.
● Celui qui conduit l’humanité à la tentation c’est le serpent mais, chose étonnante, celui qui conduit le Fils de Dieu à la tentation... c’est l’Esprit Saint. J’y vois le signe de la prévenance du Seigneur.
Il faut bien que le combat contre la tentation soit mené et que la victoire soit remportée. Mais celui qui part au front, poussé par l’Esprit, c’est Jésus. Il est le bon berger qui protège ses brebis et part, en éclaireur, affronter le loup. Là où nous étions assurés de la défaite, il remporte la victoire et cette victoire profite à tous. Ou pour le dire avec les mots de Saint Paul dans sa lettre aux Romains : “Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ nous a sauvés. [...] Par un seul homme, la mort est entrée dans le monde [...] mais un seul a conduit tous les hommes à [...] la vie” (Rm 5, 5-19).