Homélie du mercredi 22 septembre 2021 (Lc 9, 1-6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus rassembla les Douze ;
il leur donna pouvoir et autorité sur tous les démons,
et de même pour faire des guérisons ;
il les envoya proclamer le règne de Dieu
et guérir les malades.
Il leur dit :
« Ne prenez rien pour la route,
ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ;
n’ayez pas chacun une tunique de rechange.
Quand vous serez reçus dans une maison,
restez-y ; c’est de là que vous repartirez.
Et si les gens ne vous accueillent pas,
sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera un témoignage contre eux. »
Ils partirent
et ils allaient de village en village,
annonçant la Bonne Nouvelle
et faisant partout des guérisons.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Je voudrais ce matin m’arrêter sur un seul verset : “Quand vous serez reçus dans une maison, restez-y ; c’est de là que vous repartirez”. A première vue, le commandement de Jésus n’est pas clair. Difficile de comprendre si Jésus nous invite à rester ou à partir. Et s’il faut partir après être resté, il ne dit pas quand !
Pour comprendre ce verset, il faut nous intéresser au contexte. Jésus s’adresse à douze hommes et il leur dit : “vous qui étiez sédentaires, je fais maintenant de vous des nomades. Vous allez quitter votre maison, votre confort pour aller vers l’inconnu, à la rencontre de l’autre”.
Cet appel à quitter sa maison pour aller vers l’autre, c’est la trame par excellence de l’histoire du salut. Abraham, le premier croyant, était un propriétaire de troupeaux, établi sur ses terres. Et Dieu lui dit : “Quitte ton pays et la maison de ton père et va vers le pays que je te montrerai.” Abraham, à 75 ans, accepte sa nouvelle vie de nomade, loin du confort de sa maison.
Et cette histoire se répète à l’envi dans la Bible. Isaac, Jacob, David, Samuel, Isaïe… Tous quittent leur confort et partent, parce que le Seigneur le leur demande. Jésus lui-même quitte un jour sa petite bourgade de Nazareth et part dans le désert, poussé par l’Esprit. Plus fondamentalement encore, Jésus a quitté le confort de la vie trinitaire pour partager notre condition et marcher sur nos chemins pierreux.
Ainsi, tous les croyants, d’une manière ou d’une autre, sont appelés à imiter Abraham et le Christ et à quitter leur confort pour aller à la rencontre de l’autre, en payant le prix de la fatigue et de l’austérité du chemin.
Dans ce contexte, Jésus dit : “Sur votre chemin, vous trouverez des oasis. Des lieux qui reposent, des gens qui requinquent, des amitiés qui rechargent nos batteries… Restez-y, dit Jésus. Accueillez de bon cœur les opportunités, les attentions délicates, les cadeaux, les circonstances heureuses. Sachez en profiter sans arrière-pensée, sans culpabilité, de bon cœur.
Mais - car il y a un mais - n’en oubliez pas votre nouvelle condition de nomade. Ne vous installez pas définitivement dans le confort d’une autre maison, car alors vous ne seriez plus nomades, en chemin vers l’autre, vers celui qui est différent et vers lequel Jésus nous envoie.
“C’est de là que vous repartirez” dit Jésus, en parlant de nos oasis. Il ne s’agit pas de quitter l’objet de notre joie quand celle-ci est épuisée, comme on quitterait un ami dont on ne supporte plus les défauts. Il s’agit de savoir quitter ce qui est bon pour repartir sur les chemins, avec le Christ pour compagnon de route. Jésus a dit : “Je suis le chemin, la vérité et la vie”. Le chemin d’abord. La vie ne se trouve qu’en route, en mission, vers l’autre.
Que Dieu nous aide à goûter les joies là où elles nous sont données, sans nous attacher à notre bonheur mais en comprenant que la joie parfaite est devant nous, sur le chemin.
Amen.
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